Auteur : Martine Tabeaud, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
L’accessibilité
Dans la plupart des cas le DICRIM et le DCS sont seulement consultables aux Services de l’urbanisme de la Mairie, ou à l’Hôtel de Ville. Au mieux, des textes, des cartes, le plus souvent uniquement pour le risque inondation, et des consignes de comportement, sont mis en ligne sur le site internet de la commune.
SECTEURS CONCERNES PAR L'INONDATION A BRY-SUR-MARNE (94)
Crédits :
Site Internet de la commune de Bry sur Marne
.
Le ministère de l’écologie et du développement durable a crée un site qui permet d’accéder au recueil national des communes à risque (
Prim.net
).
On sélectionne « Ma commune face au risque majeur » pour obtenir des informations sur :
• les risques recensés dans la commune ;
• l’existence ou non de documents d’information (D.C.S c’est à dire document communal synthétique) ;
• la mise au point de plans d’aménagement : plan de prévention des risques (P.P.R) ;
• un historique des événements catastrophiques à travers les arrêtés de catastrophe naturelle.
Cette dernière rubrique nous rappelle qu’en matière de risques naturels l’avenir est inscrit dans le passé. Mais il ne faut pas limiter la recherche historique aux arrêtés de catastrophe naturelle. Une plongée dans les archives municipales et une investigation de la mémoire collective seront très fécondes.
La préfecture du Val de Marne, comme d’autres départements, a mis en ligne un grand nombre de Plans de Prévention du Risque Inondation (PPRI).
Il suffit de choisir une commune sur la carte du département.
En cliquant sur Choisy-le-Roi par exemple, on peut afficher la carte de zonage du PPRI, avec légende.
Crédits :
Site internet de la Préfecture du Val-de-Marne
Rappel
Composition d’un PPRI
- Le PPRI est composé de plusieurs cartes : carte des principales inondations passées, carte de l’aléa inondation qui représente les limites de l’inondation selon son intensité, carte des enjeux exposés, carte du zonage des risques obtenue en croisant la carte d’aléa et la carte des enjeux. C’est la seule carte obligatoire.
- Le PPRI comprend un règlement qui a chaque élément du zonage fait correspondre une constructibilité (inconstructible en rouge, constructible sous condition en principe en bleu).
- Le PPRI liste donc des mesures de prévention et de réduction de la vulnérabilité
Avoir accès à ces informations suppose la plupart du temps une démarche volontariste. Il faut se déplacer vers des lieux spécifiques et à des moments spécifiques, ce qui dissuade nombre de personnes. Et même les experts de tel environnement local, au cours de leurs déplacements de travail ou de loisirs deviennent usagers temporaires de territoires qu’ils connaissent mal. En vacances dans une station de montagne du samedi au samedi, bien peu de touristes vont dès le lundi matin en mairie, consulter les cartes du risque « avalanche » par exemple ! De plus, les modalités de consultation sur place ou à distance reposent sur un savoir-faire non-partagé par tous (dossier complexe, maniement d’ordinateur). Or, ceux qui sont exclus de ces connaissances sont probablement les personnes les plus vulnérables.
Par ailleurs, l’information ainsi transmise est peu compréhensible soit par l’échelle du document (difficile d’identifier sa rue, sa maison), soit par la légende (des cartes de zonage réglementaire du risque inondation où la zone à fort aléa en rouge ne se superpose jamais aux zones fortement urbanisées et disparaît sous le bleu du cours d’eau), soit par des consignes générales de comportement qui font fi des réactions immédiates habituelles.
Les risques à Herblay : les différents documents qui recensent les risques (Vidéo durée 00:12 min)
Le partage, la gouvernance
Or, pour anticiper, c’est-à-dire évaluer des dégâts potentiels comme c’est le cas des risques, il est nécessaire d’associer au diagnostic des aléas, les subjectivités des individus, des groupes sociaux, des collectivités et des associations. C’est-à-dire de les intégrer à la réflexion commune. L’évaluation du risque ne peut être issue que d’un travail collectif dans lequel sont pris en compte les facteurs objectifs mais aussi leurs "échelles de valeur". Les mesures de prévention et le principe de précaution ne seront assimilés que s’ils reposent sur une logique de responsabilité, c’est-à-dire une participation active des citoyens.
La progression vers l’appropriation citoyenne de la maîtrise des risques dépend certes du type de risque encouru mais aussi du niveau culturel d’appréhension de la problématique des risques et plus généralement de la culture, des usages, des pratiques et des représentations locales. C’est un travail de maturation collective lent mais incontournable. Des dispositions prises autoritairement dans l’urgence ne peuvent avoir un impact réel à moyen et long termes. Par ailleurs, l’appropriation partagée est le seul moyen de développer la confiance réciproque nécessaire pour s’adapter aux situations de risques car ceux-ci sont toujours circonstanciés (l’aléa et les vulnérabilités ont pu être modifiés d’une situation spatio-temporelle à une autre). C’est aussi une manière d’engendrer des comportements solidaires.
La mémorisation
La mémoire est primordiale pour s’approprier les risques mais, il ne s’agit pas d’accumuler des informations mal assimilées. Pour garder durablement la mémoire d’un événement, elle doit être fréquemment sollicitée et périodiquement stimulée, pour améliorer les vigilances et diminuer l'anxiété (loi Bachelot sur les risques inondations avec marqueurs de crues qui sont vus tous les jours). Le processus de mémorisation en matière de risque est d’autant plus difficile que pour ceux qui ne l’ont pas vécu, le risque est « virtuel » et que pour ceux qui l’ont vécu, la mémoire tend à l’effacement à cause des émotions désagréables qui lui sont liés.
La forme du message informatif est donc très importante pour faciliter une mémorisation durable et efficiente. Il ne suffit pas d’informer, il faut communiquer : c’est-à-dire se préoccuper du passage entre le message et celui qui le reçoit.
Comme la mémoire varie selon les cultures individuelles, il y a bien des manières de faire mémoriser.
L’image « pièce à conviction »
Avec des images
L’une des manières de toucher le plus efficacement un large public c’est de faire en sorte que le message soit pour l’essentiel transmis sous forme visuelle et audiovisuelle : photographies, diaporamas sur cd rom, film documentaire et/ou d’animation.
L’image est compréhensible par tous. Elle dit plus vite et elle marque profondément. Si elle est bien composée, elle reste en mémoire. Projetée dans de bonnes conditions, elle peut susciter un large débat en sollicitant le spectateur. La meilleure façon de développer une culture des risques consiste à exposer leur matérialité sur un territoire que la population connaît bien parce qu’elle y vit. C’est à proximité de chez soi que l’on appréhende le mieux le risque.
L’intérêt de l’image c’est qu’elle montre des lieux que les habitants reconnaissent. Ils identifient des territoires vulnérables, parce que familiers, et comprennent les enjeux des politiques de prévention et de protection.
Les risques à Herblay : un diagnostic territorialisé du risque inondation (durée : 1:27 min)
En images
La condition pour que l’image soit efficace suppose de ne pas dissocier le travail des experts de la réalisation des documents de communication. Il s’agit de tenir tous les maillons de la chaîne : de l’enquête de terrain à la production d’images, afin d’éviter les contresens des non-spécialistes ou les facilités du spectaculaire médiatique. Communiquer sur les risques c’est donner la parole à ceux qui sont engagés dans la prévention et d’abord l’équipe municipale.)
Les risques à Herblay : le maire doit informer les riverains des risques encourus (durée : 1:54 min)
Mais aussi donner la parole à ceux qui sont en charge de la protection (les pompiers, etc.).
Les risques à Herblay : les moyens dont disposent les pompiers (durée : 1:36 min)
Ces images peuvent être utilisées bien entendu pour répondre à l’injonction légale faite au maire : « le citoyen a droit à l’information sur les risques qu’il encourt… ». Elles peuvent être également l’occasion d’une prise de conscience collective de problèmes qui se posent à tous. Elles suscitent un savoir vivre ensemble, une sociabilité de voisinage de très grand intérêt dans bien d’autres domaines que celui des risques.