Adapter la réponse à la nature du risque

Auteur : Hervé Bredif, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.


Tous les risques ne se gèrent pas de la même manière. Il s’avère essentiel de bien cerner les caractéristiques du risque auquel on est confronté, afin de concevoir une réponse adaptée.

Dans certains cas, les approches principalement techniques donnent de très bons résultats. Plusieurs risques d’importance requièrent la mobilisation active des autorités publiques.

D’autres fois, la complexité de certaines situations oblige à développer une approche multiacteurs du risque.

Dans tous les cas, il convient de garder à l’esprit que la gestion efficace des risques demande de plus en plus de composer avec l’un ou l’autre des défis suivants :

Les limites de l’expertise scientifique
La connaissance précise et objective des risques s’avère plus que jamais souhaitable. Si certains sont avérés et connus, d’autres en revanche, et il s’agit d’une caractéristique forte de nombreux risques contemporains, sont incertains ou seulement potentiels. Ils donnent lieu à des controverses scientifiques : les experts divergent quant à l’appréciation du risque. Au demeurant, ils sont susceptibles d’avoir des incidences sur de nombreux compartiments de la vie en société et nul expert, à lui seul, ne peut prétendre en évaluer la dangerosité globale.
Pour de nombreux risques actuels, ainsi que l’affirme Ulrich Beck, « la science devient de plus en plus nécessaire, mais est de moins en moins suffisante ».

exemple Exemple

« Confrontée aux effets secondaires de certaines technologies, une bonne partie de notre société estime au contraire que tout « progrès » n’est pas bon à prendre, et doute à juste titre de la capacité de la « technoscience » à contrôler les effets de ses propres innovations. Parallèlement, les capacités de recherche et d’expertise des forces associatives, syndicales et citoyennes, constituent dorénavant un véritable « tiers-secteur scientifique », tâchant de répondre aux besoins sociaux et écologiques croissants mais négligés par les orientations scientifiques dominantes, qu’elles soient le fait de l’État ou de l’industrie. » (Extrait de « Pour une société citoyenne », article paru dans Le Monde du 27 septembre 2007, écrit par  Eric Gall, Jacques Testart, Administrateur et président de la Fondation sciences citoyennes).



Le spectre des irréversibilités globales
Avec Tchernobyl et le risque radiologique plus généralement, la véritable question posée est celle de l’irréversibilité.
En l’état actuel des connaissances scientifiques et des moyens technologiques, un territoire contaminé par un accident nucléaire – et sa population – sont irrémédiablement affectés, sans qu’un retour à la normale soit véritablement envisageable.

En fait, c’est une véritable spirale du sous-développement durable qui peut s’enclencher. C’est également au nom d’une contamination irréversible du vivant ou de la biosphère que s’expriment les détracteurs des produits phytosanitaires, des OGM ou des nanotechnologies. De même, le changement climatique est envisagé comme un risque d’irréversibilité majeure.



Un système assurentiel non généralisable
Dans les pays riches, la gestion des risques passe généralement par l’existence d’un système d’assurances, le principe fondamental de ce dernier reposant sur la mutualisation des risques. Ce système suppose que le risque puisse être modélisé (ce qui permet alors de définir des barèmes assurentiels afin de couvrir l’étendue des dégâts quand survient la catastrophe). Plusieurs catastrophes récentes de grande ampleur montrent cependant les limites de ce dispositif : il suppose en premier lieu que le risque soit contenu dans ses limites spatiales, temporelles et dans l’ampleur des dommages observés ; il suppose ensuite que le montant de l’assurance ne soit pas prohibitif. Les caractéristiques de certains risques contemporains se situent nettement en dehors de ce cadre.



La confiance vis-à-vis des institutions
Pour être efficace, la gestion des risques repose notamment sur la confiance qu’accordent les populations aux institutions qui régissent la vie en société. Or la confiance n’est pas donnée une fois pour toute : l’attitude des autorités françaises face au nuage radioactif de Tchernobyl, la réponse hésitante et tardive donnée par les autorités fédérales américaines suite à l’inondation de la Nouvelle Orléans … sont autant de faits dérangeants qui entament la confiance dans les institutions et les responsables qui les gouvernent. Il faut toujours craindre que la défiance institutionnelle accumulée puisse conduire à une disqualification des grandes institutions le jour où une catastrophe de quelque ampleur se produira.


 
Définition

Organisme Génétiquement Modifié

Définition

Technologie de l’infiniment petit.