Le 26 décembre 1999, l’Île de France a connu un épisode tempétueux bref et violent associé à une dépression très creusée (960 hPa). Une rafale a bloqué l’anémomètre de la Tour Eiffel à 8h15 sur 216 Km/h, fait inédit. Les vents violents de secteurs WSW et WNW ont été enregistrés entre 7 et 9 heures.

Toute la région sous la tempête d’après les stations météorologiques...

Pour recadrer cet épisode, il faut resituer l’aléa.

L’analyse des données  météorologiques franciliennes montre que la totalité de la région a connu un vent instantané d’au moins 157 Km/h. C’est un fait inédit depuis 1949 !

BULLETINS METEOROLOGIQUES DU 26 DECEMBRE 1999


Crédits : Météo France

Commentaires : On voit bien sur la carte à 500 hPa (celle du bas) que les lignes sont très resserrées indiquant un vent fort et qu’elles sont très zonales correspondant à un vent d’ouest sur la France.

Toutefois, en un demi-siècle, sept autres coups de vent ont conduit à des enregistrements de vitesse supérieure (les records franciliens) dans au moins une station.

Ces constats permettent d’affirmer que des tempêtes aussi violentes se reproduiront.

Leur probabilité maximale d’occurrence devrait se situer au cours des périodes d’environ trente ans qui sont caractérisées par des hivers doux, nuageux, pluvieux et très venteux qui correspondent à une circulation zonale rapide (indice d’Oscillation Nord Atlantique positif). C’est le cas depuis la décennie 1980. En accord avec ce cycle, les hivers devraient progressivement devenir plus froids, plus secs et moins venteux d’ici quelques années. Sous l’effet du réchauffement climatique, certains modèles, qui ne font pas l’unanimité, envisagent une recrudescence des tempêtes hivernales en France. Pourtant, les données ne montrent ni augmentation du nombre des tempêtes, ni augmentation des fortes tempêtes, comme le soulignent les travaux de Dreveton.

Des inventaires en cours :

Pour comparer Lothar aux tempêtes du passé il ne suffit pas d’analyser les vitesses de vent enregistrées qui n’ont au mieux qu’une centaine d’années, d’autant que les appareils de mesure les anémomètres se sont sans cesse perfectionnés.

Pour faire de vrais comparaisons, il conviendrait de remonter au XIIe siècle, période aussi chaude que l’actuelle appelée Optimum médiéval. Il faudrait aussi comparer avec la période froide suivante nommée Petit Âge de Glace, qui s’est achevée vers 1850. Mais, la documentation historique fait défaut. Pour remédier à cette carence, Météo France tente de créer une banque de données des événements marquants. De son côté, le Groupe d’Histoire des Forêts Françaises a cherché à reconstituer à partir des dégâts enregistrés sur les forêts et sur le patrimoine bâti tous les coups de vent ayant affecté le territoire français depuis le XIVe siècle. Plus de cinq cents cas, déjà mis en fiche sont en cours d’analyse spatiale et temporelle. Les leçons concernant les risques associés aux aléas climatiques n’ont donc été tirées que très récemment : la tempête n’était pas si exceptionnelle, la vulnérabilité est forte.

A l’image de Météo France et de « sa carte de vigilance », née de l’expérience de 1999, espérons que les acteurs finiront par être convaincus de la nécessité à l’échelle locale de mettre en mémoire les événements, leur gestion et d’en tirer les leçons.