Cette chronologie est d’une richesse inestimable. Mais, dans le cadre d’un Système d’Information Géographique (SIG), nécessaire à la mise en évidence des vulnérabilités, elle doit être retravaillée afin d’être exploitable quantitativement.
De ce fait, en fonction des mentions de destructions faites au sein de la chronologie, un codage en classes d’intensité a été effectué afin de traduire par « un nombre » ce que le discours traduit en mots.
En ce qui concerne les destructions du patrimoine bâti, en relation avec la loi d’Archibald qui précise que la vitesse du vent augmente avec l’altitude, la hauteur du bâti définit la vulnérabilité au vent. Plus le vent est fort, plus il est susceptible d’affecter les constructions, y compris les moins élevées.
Trois classes ont semblé suffisantes:
- La classe 3 est relative aux édifices inférieurs à 7 mètres de hauteur, soit une maison d’un étage.
- La classe 1 concerne les édifices touchés à une hauteur supérieure à 25 m, toitures, clochers, flèches des plus hauts édifices religieux.
- La classe 2 ou classe intermédiaire concerne les destructions observées entre 7 et 25m (châteaux par exemple).
Dans le cas d’une destruction de niveau 1 avérée, il va sans dire que si une maison a été rasée par un événement tempétueux, on considérera que toutes les constructions avoisinantes plus élevées ont également été touchées. Néanmoins ceci ne tient pas compte du niveau d’entretien des bâtiments, impossible à appréhender.
Exemple
Evénement de la chronologie
1390, 24 décembre, Ardennes : ouragan dans la région de Rethel, châteaux endommagés (Arch. dép. Nord, sans précision, cité par Henri Manceau, « Laid temps, chaud temps, froidure, années d’angoisse », L’automobiliste ardennais, 220, octobre 1976, pp. 25-26, J.B.)
Source GHFF.
Chronologie retravaillée sur les dégâts au bâti
En règle générale, un épisode venteux de la chronologie comporte une date, une indication de localisation (commune, maîtrise, département, région voire pays), la source et enfin le nom du chercheur l’ayant recensé (ici Jérôme Buridant).
Les indications de lieu, de date et de destruction sont les seules prises en compte dans le SIG.
L’ouragan dans la région de Rethel aurait endommagé les châteaux mais ceux-ci ne sont cependant pas détruits.
Ainsi, ce coup de vent reçoit comme codage de destruction au patrimoine bâti un niveau 2, c'est-à-dire intermédiaire. Si la classe de hauteur 2 a été touchée, de ce fait la classe 1 (de hauteur supérieure) est touchée au même titre. Il devient dès lors possible de comparer deux coups de vents par les destructions qu’ils ont engendrées.
Cependant les coups de vent mentionnés ne font pas tous état de destructions au bâti et l’utilisation des dégâts dans les forêts est complémentaire. De la même manière, un classement des destructions aux forêts a été adopté. Il concerne le type de destructions pour une superficie forestière touchée par le coup de vent.
Trois classes sont identifiées : une classe 1, celle des dégâts isolés, une classe 2, des dégâts diffus et une classe 3 des dégâts généralisés.
Exemple
Evénement brut dans la chronologie
1434, 7 octobre, Paris : vent terrible, inconnu depuis 50 ans. Destruction de bâtiments, le bois de Vincennes est ravagé (Colette BEAUNE (éd.), Journal d’un bourgeois de Paris de 1405 à 1449, Paris : Le livre de poche, 1990, pp. 333-334, J.B).
Chronologie retravaillée sur les dégâts aux forêts
Dans l’épisode de 1434, par exemple, le bois de Vincennes est qualifié de « ravagé ». Pour une destruction généralisée, la classe 3 est sélectionnée.
Force est de constater que dans certains cas le codage relève surtout de l’appréciation personnelle et du bon sens. Parfois un coup de vent, sans aucune notification de destructions, ne fait l’objet d’aucun codage et est noté « Nc ».
En croisant les rares données quantitatives existantes et celles de la chronologie du GHFF transformées, il devient possible d’intégrer les 332 événements « coups de vent » dans un SIG pour établir des comparaisons.
Le SIG comprend par ailleurs un modèle numérique de terrain de la France, une carte des limites départementales, une carte des communes françaises, les éléments patrimoniaux dans chaque commune avec la date de construction d’après le fichier du Ministère de la Culture, plusieurs cartes des limites des bois et forêts, mais qui hélas pour l’ensemble de la France ne remontent pas avant les cartes de Cassini, soit avant la deuxième moitié du XVIIIe siècle.