Pour mieux appréhender les facteurs de vulnérabilité à échelle fine, un zoom a été effectué sur une forêt d’une superficie d’environ 195 km2.
La forêt de Retz (figure suivante) appartient à l’ensemble des futaies de hêtres de Picardie fortement exposées aux tempêtes hivernales qui les endommagent tous les 5 ans environ.
La gestion de ce massif forestier a le plus souvent été encadrée et les archives dont on dispose sont nombreuses et de qualité. C’est pour ces raisons qu’a été entrepris un travail sur les réactions des parcelles d’un même massif forestier face à deux tempêtes rapprochées à savoir décembre 1872 et mars 1876.
Autrement dit quel rôle a joué la première sur la vulnérabilité lors de la seconde ?
LA FORET DE RETZ
Crédits: Béraud, d'après données IGN, 2004.
Très ancien massif forestier, la forêt de Retz est une unité distincte dès le XIIe siècle. De forêt royale elle devient, après la révolution de 1789, un domaine forestier domanial et échappe donc à l’appropriation par la population et à son découpage. Jusqu’en 1847, de gros prélèvements sont effectués et seul un cinquième de sa surface reste intact. En 1864, un projet d’aménagement divise la forêt en quinze séries réparties en deux sections et pose les règles à observer pour les coupes d’amélioration et de régénération. La documentation est précise et abondante.
La forêt de Retz a connu dans la seconde moitié du XIXe siècle deux tempêtes d’une assez grande intensité. La première, le 10 décembre 1872 mit à terre 33 557 m3 de bois, la seconde, le 13 mars 1876 créa 11 427 m3 de chablis. En quatre ans les tempêtes ont couché au moins 45 000 m3 de bois puisque ces évaluations ne tiennent compte que des dix séries forestières traitées en futaie, les taillis sous futaie, moins vulnérables au vent, n’étant pas recensés.
Rappel
La forêt est un écosystème qui réagit à une attaque extérieure.
Les effets d’une perturbation sont fonction de sa vulnérabilité spécifique selon l’état et la situation du peuplement. Plusieurs types de facteurs de vulnérabilité induisent le comportement d’une forêt face à un coup de vent.
Les caractéristiques de l’arbre comptent beaucoup pour expliquer la résistance d’une forêt. En général, les résineux sont plus sensibles que les feuillus en raison de la persistance de leur feuillage en hiver. Parmi les feuillus, les hêtres sont considérés comme les plus sensibles. Des classements selon la vulnérabilité spécifique découlent des caractéristiques propres de chaque essence selon la prise au vent, le système racinaire, l’âge et la hauteur, et bien sûr la santé des arbres.
La vulnérabilité dépend aussi des paramètres stationnels : formes du relief modifiant l’exposition au vent, nature du sol (physionomie, composition, perméabilité, présence ou non d’une couche d’eau stagnante à faible profondeur).
Enfin, la sylviculture est fondamentale : les lisières résistent mieux aux coups de vent que l’intérieur des forêts, la densité de peuplement, la révolution, les éclaircies tout comme les coupes à blanc modifient l’exposition au vent.