Pour montrer l'utilisation qui peut être faite des cartographies TSM dans le suivi et l'étude de la courantologie océanique de surface, nous avons choisi d'illustrer notre propos par des images MSG acquises au-dessus de la Méditerranée entre les mois de juin et septembre 2005.
La circulation de surface en Méditerranée a fait l'objet de nombreuses études en France comme à l'étranger, nous citerons entre autre les travaux de Wald (1980, 1985), de Robinson et al., 2001, ceux de Le Vourch et al., 1992, et enfin les nombreux travaux menés par Claude Millot et Isabelle Taupier-Letage, (Millot, 1999, Millot and Taupier-Letage, 2005, Taupier-Letage, 2008).
La circulation générale de surface en Méditerranée est relativement complexe de par la géométrie du bassin divisé en plusieurs petites mers (mers d'Alboran, Adriatique, Tyrrhénienne, Ionienne, bassin algéro-provençal, bassin levantin, etc.) et sa géomorphologie sous marine accidentée, composée de bassins d'effondrement profonds (jusqu'à -5121m dans la fosse de Matapan dans la mer Ionienne) séparés par des seuils élevés (Gibraltar, Bosphore, Dardanelles).
Deux bassins principaux apparaissent : le bassin occidental et le bassin oriental, dont la frontière peut être matérialisée par une ligne reliant la Tunisie à la Sicile et à la botte italienne (figure ci-dessous montrant les différents bassins). La mer Adriatique étant rattachée au bassin oriental.
Très schématiquement, la circulation de surface en Méditerranée suit une boucle anticyclonique. L'eau atlantique peu salée pénètre en surface par le détroit de Gibraltar. Au cours de son cheminement dans le bassin, elle est transformée en eau méditerranéenne plus dense qui ressort à son tour par Gibraltar, avec un temps de renouvellement qui en moyenne varie de 50 à 100 ans (Millot and Taupier-Letage, 2005). Les courants de surface influencés par la météorologie et les saisons présentent des variabilités temporelles allant de la journée à la saison et suivent des trajectoires tortueuses (figure ci-dessous montrant la circulation en Méditerranée). Ils peuvent former de grands tourbillons de quelques centaines de kilomètres, dont la durée de vie varie de quelques mois à quelques années. Certaines de ces structures sont bien connues à l'instar du tourbillon Ierapetra que l'on peut observer au sud-est de la Crète.
Bassins et sous bassins de la mer Méditerranée (d'après Millot and Taupier Letage, 2005).