Un territoire particulier, source de vulnérabilités



L’Ile-de-France est une région de plateaux étagés entaillés par une large vallée sinueuse. Elle est caractérisée en son centre par un tissu urbain fait de bâtiments, de rues, d’interstices, dense au centre et plus aéré à la périphérie, un réseau de voies de circulation d’une extrême densité, une agglomération de près de 12 millions d’habitants.

Par vent faible, l’urbanisation protège contre le vent.
La rugosité du bâti diminue l’énergie cinétique et le vent synoptique passe par-dessus la ville. La vitesse du vent dans les rues est divisée par deux, si bien que se crée au sol un dôme de calme. Des échanges avec les régions périurbaines plus boisées vont s’effectuer sous forme de brises alternées. Les brises de campagne naissent ainsi dans la périphérie fraîche et convergent vers le centre chaud de la ville (le huitième arrondissement à Paris). De même des brises de vallée se propagent des plans d’eau vers l’intérieur de la ville. Mais leur vitesse est faible.

 Il en est tout autrement lorsque le vent est fort et dépasse les 90 km/h.
Comme la vitesse du vent augmente avec l’altitude (loi d’Archibald), les immeubles d’une ville sont soumis à la pression de vents plus forts que ceux qui sont enregistrés dans la station météorologique, ce que traduit la vitesse maximale de  216 km/h enregistrée au sommet de la Tour Eiffel. Les cheminées, les antennes, les tuiles et parfois la toiture toute entière si elle n’est pas correctement arrimée peut s’envoler.

méthode Méthode

La loi d’Archibald donne la vitesse (v) théorique (en m/s) à une altitude donnée (z x) par rapport à la vitesse mesurée à 10 m d’altitude (altitude standard, z st) :  

  v x =  v st (z x – z st ) . 0,14




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Par vent fort, le vent pénètre aussi dans la ville à la faveur des interstices du bâti (voies de chemin de fer, avenues, fleuve, etc.) orientés dans le sens de propagation du vent. Le 26 décembre a soufflé du sud ouest au nord est. La vallée de la Seine a canalisé la traversée de « Paris », occasionnant des dégâts importants dans les quartiers limitrophes.

Schéma de la circulation dans la vallée de la Seine .

Crédits: Adpaté de : SIG, A.Vasseur, Paris, 2001.


Par effet Venturi, le vent canalisé s’accélère le long d’un fleuve et/ou dans un goulet topographique entre deux collines ou plateaux. Dans Paris, le goulet de la Chapelle a accéléré le vent entre les collines de Montmartre et des Buttes Chaumont.  Au débouché du resserrement topographique, en Seine Saint Denis, la vitesse du vent diminue.

Schéma de la circulation au « col de la Chapelle »

Crédits: Adapté de : SIG, A.Vasseur, Paris, 2001



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Dans les quartiers aux rues étroites, encaissées, perpendiculaires à la propagation du vent, l’effet d’abri a joué au maximum. A ces traits propres au bâti il faut ajouter le complantage. En effet, dans les villes haussmanisées, aux artères larges longées d’arbres plantés sur les trottoirs, la vulnérabilité augmente. Le vent peut dans sa course produire des effets « domino » sur les alignements serrés d’arbres de même taille. Lorsqu’en bout de rue, à proximité d’une place où se crée un tourbillon, un arbre est déstabilisé, il culbute son voisin le plus proche et ainsi de suite. Les arbres qui ont écrasé des voitures se comptaient par centaines au petit matin.


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L’état d’entretien du bâti est un facteur supplémentaire de vulnérabilité. En petite couronne, les trois quarts des établissements scolaires ont été endommagés, trois quarts des gymnases en Seine saint Denis… La qualité des infrastructures y est certainement pour quelque chose puisqu’il s’agit le plus souvent de bâtiments construits entre 1965 et 1980 au moindre coût. Il en est de même pour les infrastructures privées, industrielles et commerciales, caractéristiques des entrées de ville. Quant aux églises de Seine et Marne, pour une sur  deux la charpente  est à refaire, le clocher est tombé…Une enquête a montré que le manque général de fonds pour l’entretien de routine explique que les communes les plus pauvres soient celles qui ont connu le plus de dégâts. En Seine Saint Denis, plus de 8 communes sur 10 ont déclaré plus de 150 000 € de réparations sur du bâti ne relevant pas du Ministère de la Culture (hors patrimoine).


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Ajoutons à ces vulnérabilités spécifiquement urbaines celles des forêts périurbaines, où bris, volis et chablis ont contraint les gestionnaires à la fermeture au public, où les routes ont été coupées pendants plusieurs jours isolant des lotissements en forêt comme à Noisy –sur Ecole en Forêt de Fontainebleau,où les lignes électriques à terre ont privé d’électricité des franciliens pendant une semaine, les contraignant aussi parfois à se passer d’eau lorsque les pompes pour l’approvisionnement étaient électriques…

 
Définition

Energie liée à la vitesse des corps.

Définition

Nom donné à un phénomène de la dynamique des fluides où les particules gazeuses ou liquides se retrouvent accélérées à cause d'un rétrécissement de leur zone de circulation

Définition

Un volis est un arbre brisé sous l’action d’effets naturels (vent, foudre, neige, chute d’un autre arbre) ou pour des raisons qui lui sont propres (vieillesse, pourriture), sans intervention de l’homme. Si l’arbre est déraciné, on utilise le terme de chablis.

Définition

Un chablis est un arbre déraciné sous l’action d’effets naturels (vent, foudre, neige, chute d’un autre arbre) ou pour des raisons qui lui sont propres (vieillesse, pourriture, mauvais enracinement), sans intervention de l’homme. Si l’arbre est cassé au niveau du tronc, on utilise le terme de volis. Cependant, dans un sens plus large, on entend par chablis un ensemble d’arbres renversés, le plus souvent, par des vents violents.