3.3. Du bidonville aux HLM
Crise des logements de fortune réservés aux immigrés : scandale des bidonvilles, longue grève des loyers dans les foyers de migrants africains de la SONACOTRA (1974 -1979) ; en janvier 1970 la mort de cinq travailleurs africains dans un foyer taudis à Aubervilliers fait événement et le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas se rend sur place ; loi de lutte contre les marchands de sommeil le 27 juin 1973.
De l'aide à la pierre à l'aide à la personne : la réforme Barre (1977) ; il s'agit de faire entrer dans le logement social de plus pauvres que ceux qui les occupaient, dont des immigrés ; de lutter contre la montée exponentielle des dépenses d'aide à la pierre qui pesait de façon croissante sur le budget de l'Etat ; de donner aux catégories modestes les capacités d'accéder à la propriété. L'APL, aide personnelle calculée en fonction des ressources et des besoins en logement, est à l'époque extrêmement solvabilisatrice, ce qui signifie qu'elle pouvait payer la presque totalité du loyer dans les cas les plus extrêmes. Par ailleurs ceux qui souhaitaient acheter leur logement se voyaient proposer de nouveaux montages financiers (PAP) qui permettaient à des groupes sociaux jusqu'ici exclus de l'accession d'y songer enfin. Ainsi PAP plus APL ouvraient le marché de l'accession à des ménages ouvriers et employés aux ressources modestes. Ils furent nombreux à y trouver l'occasion de quitter les grands ensembles, notamment lors de l'arrivée de premiers bénéficiaires de l'APL qui créaient un voisinage conflictuel de familles très nombreuses ou de ménages à faibles ressources ou étrangers. Les départs qui s'ensuivirent eurent pour effet de libérer des logements dans les parties les plus anciennes et dégradées du parc social.
Le logement des familles immigrées s'effectuent sur les contingents préfectoraux du parc social ou dans les immeubles construits sur les fonds du 1% patronal désormais ouvert aux travailleurs immigrés ; un quota de 15% de familles immigrés par ensembles HLM est fixé par circulaire. Cependant les différents groupes d'immigrés ne se dirigent pas tous vers le parc social. Si près de 50 % des Maghrébins sont concernés, ce n'est le cas que de 25 % des Portugais et 18 % des Espagnols. Les offices municipaux montrent de fortes réticences à accueillir les nouveaux locataires. L'ensemble de ces mesures conduit à une ségrégation sociale de plus en plus affirmée à l'intérieur du parc social francilien. Avec le chômage, la fin du système fordiste transforme en quartiers de relégation les grands ensembles construits pour loger les salariés de la croissance.
Rappel :
Voir aussi leçon 5.
A partir de 1975, la concentration des mouvements de mobilité spatiale et résidentielle chez les uns, la progression des mesures en faveur du droit à la vie familiale et la fin de l'emploi faiblement qualifié ont contribué à générer une situation nouvelle et créé un phénomène spécifique aux banlieues françaises , les « quartiers en difficulté », qui tendent à regrouper les immigrés installés durablement.