Leçon 6 - Les territoires de l'immigration au XX° siècle

Réfléchir sur l'histoire des bidonvilles en banlieue parisienne entre 1954 et 1974 à partir des documents et de questions :

  • La localisation : très présents dans les banlieues industrielles, marquent-ils durablement le paysage urbain ?

  • Le bidonville, logement des travailleurs les plus pauvres ou cantonnement des étrangers ?

  • Ségrégation par nationalité et contacts avec la société d'accueil ?

  • Les conséquences à court et moyen terme de la politique d'éradication ?

  • Les bidonvilles ont-ils aujourd'hui disparu ?

  • Voir pour la Seine-Saint-Denis : Bidonvilles, histoire et représentations, Patrimoine_en_SSD_20.pdf, 2006 ou www.atlas-patrimoine93.fr

  • Analyse d'un article de journal :

« La suppression des bidonvilles exige une large solidarité entre les communes de banlieue (extraits)

Il ne s'agit pas seulement de reloger les familles dans des appartements décents; il faut aussi favoriser leur assimilation; celle-ci est d'autant plus difficile que les étrangers restent groupés en une communauté refermée sur elle-même.

Ignorer cet aspect du problème, c'est admettre qu'une cité portugaise remplacera le bidonville de Champigny, qu'une cité algérienne remplacera le bidonville de Nanterre, et que Paris comptera dans quelques années plusieurs villes satellites entièrement étrangères comme il existe à New York un quartier noir, un quartier italien, un quartier portoricain, un quartier chinois. C'est accepter de construire des ghettos de béton: le bidonville vertical.

Mais profiter de la suppression des bidonvilles pour faire éclater les concentrations étrangères est une opération difficile, inconcevable sans l'aide de toutes les municipalités de la région parisienne. Seul moyen possible pour obtenir une dissémination convenable des étrangers: l'échange des logements. Les sociologues admettent que, pour éviter des réactions xénophobes, il ne faut pas que dans un ensemble immobilier la proportion des étrangers dépasse 15 %. Autrement dit, lorsque 100 logements ont été bâtis sur un ancien bidonville, 15 familles seulement, issues de ce bidonville, seront relogées surplace. Que fera-t-on des 85 autres? Il faudra les «échanger» contre des familles françaises grâce à l'aide d'organismes construisant des logements sociaux.

Là commencent les difficultés, les échanges fonctionnent mal. (...) Les communes où la proportion des étrangers dépasse la cote d'alarme ne pourront plus retrouver l'équilibre sociologique souhaitable. On peut même se demander si, dans certaines communes, le mouvement n'est pas déjà irréversible. Le nombre moyen d'enfants dans les familles algériennes est deux fois supérieur à celui des familles françaises: ce qui veut dire que dans les écoles, les élèves français ne sont plus en majorité (60 % d'enfants algériens au groupe scolaire La Fontaine de Nanterre par exemple ; et nombreux sont les parents qui préfèrent inscrire leurs enfants dans un autre établissement. Ce qui a pour effet d'accentuer encore le déséquilibre. »

Pierre Trey, Le Monde, 12 juillet 1967

Ce texte figure dans une version longue et avec une mise en perspective par Marie-Claude Blanc –Chaléard dans : Annie Fourcaut, Emmanuel Bellanger, Mathieu Flonneau, Paris/Banlieues. Conflits et solidarités, Créaphis, 2007, p.347-350

Aller voir la vidéo « La France n'échappe pas au phénomène des "Bidonvilles" », datant du 1 janvier 1963, Type de média : Actualités filmées, Collection : Les Actualités Françaises, site INA

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