2.3. Logements de fortune aux marges de la modernité
Dans une agglomération francilienne qui connaît une grave crise du logement jusqu'au milieu des années 1970, la question du logement des immigrés est jugée secondaire, d'autant que les pouvoirs publics souhaitent que ces travailleurs étrangers ne s'installent pas. Globalement, à Paris et en banlieue, les immigrés se logent par eux-mêmes :
Installation dans des pavillons de banlieue sur le modèle des ouvriers français pour les Italiens, plus tardivement les Portugais
Occupation de taudis dans les immeubles de faubourgs des parties non rénovées des centres urbains anciens (îlots insalubres parisiens, centre d'Aubervilliers ou de Saint Denis)
Hôtels meublés et garnis tenus par des réseaux communautaires
Marchands de sommeil, propriétaires privés qui louent des logements insalubres à des immigrés souvent clandestins
La question centrale devient celle du scandale des bidonvilles. Ils apparaissent dans les années 1950 sur des terrains de la banlieue industrielle où, comme à Nanterre, s'entassent les travailleurs algériens. L'attention se porte sur le bidonville de Champigny, symbole de la nouvelle immigration portugaise, véritable ville dont la taille dépasse celui de Nanterre. La loi Debré votée à l'unanimité en 1964 semble inaugurer une politique volontariste de résorption ; cette politique est poursuivie avec le vote de la loi Vivien en 1971, qui met fin à ces campements de façon souvent brutale. Il existe en 1970 treize bidonvilles regroupant 50 000 étrangers autour de Paris, dont deux tiers d'Algériens et un tiers de Portugais.