3.6 Paris démuré : la fin des fortifs
Le siège de Paris par les Prussiens fin 1870, la Commune de Paris qui se clôt par l'entrée des Versaillais le 21 mai 1871, les bombardements de la capitale durant la première guerre mondiale démontrent l'obsolescence des fortifications militaires. Des négociations entre l'Etat et la ville de Paris aboutirent par la loi du 19 avril 1919 au déclassement et à la cession de l'enceinte à la ville. Au début du XXe siècle et pendant l'entre-deux-guerres, l'arasement des fortifications est la grande affaire, les documents montrent le fouillis et l'incohérence urbaine sur les limites, entre le nouveau Paris urbanisé et agrandi et les communes qui avaient échappé à l'annexion.
Les aménagements de l'emprise foncière des fortifs obéissent à des logiques contradictoires : circulation, logement avec la construction de la ceinture de HBM, hygiène, sports, équipements de prestige avec la Cité internationale. Le dégagement de la « zone », l'expulsion laborieuse des zoniers, qui s'achève sous Vichy, achèvent l'acte deux de l'annexion en débarrassant définitivement la ville de ses murailles et de tout ce qui les entouraient. Un ring occupé par des équipements divers, des HBM puis des HLM , enfin par le périphérique, envisagé en 1943, programmé en 1953 et achevé en 1973, édifie peu à peu une nouvelle barrière entre Paris et les communes de banlieue. Même si les paysages urbains sont les mêmes de part et d'autre de cette ceinture, et si les circulations sont intenses, Paris et sa banlieue sont perçus comme deux entités différentes, notamment par les planificateurs, et la notion d'agglomération parisienne comme territoire pertinent de l'action publique n'émerge pas avant les années 1950. Pas de Greater London ou de Gross Berlin à Paris, malgré la conscience de l'archaïsme des structures administratives de la banlieue.
