3.3 L'annexion de 1860
Le décret du 9 février 1859, « relatif à l'extension des limites de Paris » en règle les procédures et le calendrier. Des enquêtes publiques sont prévues dans les communes et les arrondissements parisiens, avant les votes des différents Conseils. Dans huit communes sur les 17 consultées de l'arrondissement de Saint-Denis, 316 déclarations individuelles ont été enregistrées, dont 43 favorables et 197 opposées au projet. La résistance n'est donc pas négligeable. Les oppositions les plus fortes viennent de La Villette dont le conseil municipal s'était prononcé avant même d'avoir reçu l'enquête préfectorale, et de Bercy dans l'arrondissement de Sceaux. Les craintes concernent le déplacement de l'octroi aux fortifications qui va renchérir les coûts des matières premières et l'effacement de l'identité et des intérêts propres des communes. La loi sur « l'extension des limites de Paris » votée par le Corps législatif le 26 mai 1859, promulguée le 16 juin devient effective à partir du 1 janvier 1860. Elle veut « faire de Paris une ville une » en l'étendant jusqu'aux fortifications. Paris double sa superficie et gagne près de 350 000 habitants et passe de 12 à 20 arrondissements. L'exposé des motifs de la loi rappelle les nécessités de l'annexion :
faire profiter la ville des ressources de l'industrie et du commerce développées dans la « petite banlieue »
faciliter la circulation des biens et des personnes en déplaçant les barrières d'octroi aux fortifications.
faire de Paris une capitale moderne et assainie, digne de l'Empire. L'opération de « réunion » ne peut se comprendre en dehors des grands travaux d'urbanisme et de la réorganisation administrative qui concernent en même temps Paris-centre.
Au fil des discours et des rapports, les représentations de la « zone annexée » se modifient, et d'agglomérations « véritables parasites qui vivent de la vie des villes sans en supporter les charges », elles sont devenues essentielles
