2.5. Fin XX°- début XXI° siècle : La violence banalisée dans un contexte d'affrontement international
Dans un contexte marqué par les bouleversements internationaux nés des attentats du 11 septembre 2001, suivis des guerres d'Irak et d'Afghanistan et des violences imputées au terrorisme islamiste, la grille de lecture des échauffourées dans les quartiers se modifie pour intégrer deux dimensions : le rapport de la République et de l'islam et le rapport à la nation pensée comme ancienne puissance coloniale. Les associations islamiques s'installent dans le paysage associatif et l'appartenance religieuse devient à la fois une ressource identitaire et un objet de stigmatisation. Le vote en mars 2004 de la loi sur la laïcité à l'école interdit aux élèves de manifester ostensiblement leur appartenance religieuse, c'est à dire de porter le voile islamique.
La hausse de la délinquance, les rivalités et rixes entre bandes, les violences contre les représentants de l'Etat témoignent de la dégradation de la situation. Les modes opératoires ont durci : usage d'armes à feu lors de rixes entre bandes, réserves de projectiles et de bouteilles incendiaires, banalisation des guets-apens contre la police, montée des trafics qui transforment les territoires en zones de non-droit.
En octobre 2002, l'assassinat de Sohane Benziane à Vitry-sur-Seine, brulée vive par son petit ami éconduit , révèle une dimension nouvelle de la crise des relations de genre dans les quartiers : la domination violente exercée par les jeunes hommes sur les jeunes femmes dans un environnement patriarcal. En réaction, les Etats Généraux Nationaux des Femmes des Quartiers se tiennent les 26 et 27 janvier 2003 à la Sorbonne ; le mouvement Ni putes ni soumises, fondé en 2003 par Fadela Amara, en est issu : son objectif est la lutte contre le sexisme dans les cités.
