Leçon 8 - Crises des banlieues, politique de la ville et émeutes urbaines (1970- 2005)

2.4. La rupture des années 1990 : le modèle Vaulx -en -Velin et l'affrontement entre jeunes et police

Le 6 octobre 1990, une moto se renverse au niveau d'un barrage de police qui cherche à la stopper. La mort du passager, un jeune handicapé, Thomas Claudio, déclenche la colère des jeunes de Vaulx-en-Velin. Des affrontements avec la police ont lieu, suivi d'un incendie et de pillages du centre commercial. Quel est le sens ce cet événement ? Le 8 octobre 1990, Le Progrès-de-Lyon titre: “ Vaulx-en-Velin. L'émeute ”. Sartrouville, Mantes la jolie, le quartier des Sapins à Rouen, Dammarie-les-Lys, Amiens, La Duchère à Lyon, Toulouse, etc. tous ces quartiers connaissent dans les années 1990 l'engrenage qui voit se succéder un accident, puis une bavure policière , enfin l'affrontement entre jeunes et police, accompagné de voitures brûlées, puis d'émeute, dans le climat des premiers attentats terroristes à Paris et de la première guerre du Golfe(1990-1991) . Le modèle de Vaulx -en -Velin se propage par contagion médiatique, et la même grille de lecture, soit le cycle bavure/émeutes, se retrouve généralisée dans la presse.

Exemple

Le 7 janvier 1991, l'édition seine et marnaise du Parisien titre « Malaise en ville haute », et affirme que « Surville a tout d'une poudrière. Vitrines cassées, magasins pillés, voitures retournées, début d'incendie. La coupe est pleine ! » L'auteure de l'article décrit une nuit de tension à Surville, comme si elle y avait assisté. Affirmant que les évènements de Montfermeil et Vaulx-en-Velin ont inspiré certains jeunes survillois, elle liste les commerces attaqués durant la nuit du 15 au 16 décembre 1990 : pharmacie, poissonnerie, pressing, charcuterie, Maison pour Tous,...

« Surville devient, par la force des choses, un succédané de Vaulx-en-Velin. Rue des Chesnois, les loubards s'en prennent aux voitures. C'est la folie complète. Les véhicules sont retournés. Au petit matin, il fallait s'y attendre, c'est la levée de boucliers des commerçants. Prétextant que la police ne fait pas son travail, ils décident de former une milice armée. La situation est explosive. Les casseurs ne sont toujours pas trouvés. Une cellule de crise est constituée : préfecture-police-municipalité-commerçants. Le climat devient irrespirable. (...) Qu'est-ce que les autorités attendent, une bavure ?». En fait de bavure, c'est le meurtre d'un Survillois par un mineur de 16 ans qui entraine le déploiement massif des forces de sécurité.

Banderole affichée sur un bâtiment du quartier du Bas-Moulin (Dammarie-les-Lys) suite aux morts violentes d'Abdelkader Bouziane (17/12/1997), Xavier Dhem (21/05/2002) et Mohamed Berrichi (23/05/2002).InformationsInformations[1]
  1. Source : Mathieu Percheminier, maîtrise d'histoire, op. cit. , p.

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