Leçon 8 - Crises des banlieues, politique de la ville et émeutes urbaines (1970- 2005)

1.4. La crise du communisme municipal

Après les élections municipales de 1977, le communisme municipal se délite et la banlieue rouge, qui encadrait efficacement les aspirations populaires, disparaît peu à peu, sur fond de crise généralisée des mobilisations partisanes. Les familles immigrées ne bénéficient pas de la socialisation procurée par un milieu ouvrier encadré par des municipalités combatives, à la différence des vagues de migrants précédentes. En Seine-Saint-Denis en 2001, on compte encore quinze municipalités rouges sur quarante, dont douze ont un maire communiste depuis 1945. Le déclin du magistère communiste s'explique par des conceptions strictement défensives, fondées sur une vision des territoires communaux comme bastions :

  • Effondrement du bloc socialiste et disparition des pays socialistes

  • Refus de la désindustrialisation et gel des friches industrielles

  • Refus de la mixité sociale et de la construction en accès à la propriété

  • Refus de la circulaire Guichard interprétée comme la volonté de modifier la sociologie électorale et d'intervenir dans le jeu politique local en empêchant de poursuivre la réalisation des grands ensembles assimilés à des bastions politiques rouges.

  • Refus des premières procédures de la politique de la ville

  • Incompréhension ou déni face aux premières violences imputables aux jeunes des cités.

Complément

Voir : Olivier Masclet, La Gauche et les cités, histoire d'un rendez-vous manqué, La Dispute, 2003.

Et du même auteur : Masclet Olivier, « Une municipalité communiste face à l'immigration algérienne et marocaine » Gennevilliers, 1950-1972, Genèses, 2001/4 no45, p. 150-163.

A Gennevilliers, dans les années 1980-1990, l'arrivée massive des familles maghrébines dans le grand ensemble du Luth, le départ des couches ouvrières qualifiées et moyennes, la domination des jeunes immigrés dans l'espace public, l'extension des trafics et l'apparition de la drogue, la dégradation des bâtiments laissent la municipalité communiste dirigée par Waldeck L'Huillier (maire PCF de 1944 à 1973) impuissante. Olivier Masclet soutient la thèse de l'échec de l'intégration des militants maghrébins issus des associations locales au personnel politique municipal, comme de l'instrumentalisation des « beurs de service » qui ne parvient pas à renouveler l'encadrement communiste local.

Combats pour la ville de Waldelck L'Huillier (Éditions sociales 1982) reste un document précieux pour comprendre la déstabilisation des conceptions communistes de la gestion municipale.

Rappel

Voir leçon 4.

Manifestation contre la drogue des élus communistes du 93 dans une cité HLM de Drancy, fin des années 1970

Au premier plan, ceints de leur écharpe tricolore, le député-maire communiste , Maurice Nilès et le sénateur Jean Garcia ; à leur gauche, le jeune secrétaire de la fédération communiste de Seine-Saint-Denis, François Asensi.

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