3.5. Les habitants des villes nouvelles, des pionniers ?
Le profil démographique des premiers habitants était semblable à celui des grands ensembles. Une majorité de jeunes couples, salariés, avec des enfants en bas âge. Séduits par la qualité de vie d'une ville à la campagne, ces nouveaux venus n'en gardaient pas moins des liens forts avec la capitale, pour le travail d'abord, pour la famille, les relations et les loisirs ensuite. La nécessité d'un accès rapide et aisé à Paris constituait donc l'une de leur principale exigence.
Venus en ville nouvelle pour échapper à la grande ville, les premiers habitants rêvent de verdure, de ciel bleu et de calme. Au sein de leurs associations de quartier, ils militent pour obtenir l'aménagement de pistes cyclables, l'installation de passerelles ou de tunnels, permettant aux piétons de traverser sans encombres les axes de circulation. Majoritairement jeunes, ils tissent très vite entre eux des liens de sociabilité et de solidarité rendus nécessaires par l'absence de structures associatives. Porteurs d'une dimension militante au sein de laquelle les idéaux autogestionnaires héritées de Mai 68 et les débuts de l'écologie jouent un rôle central, ils marquent durablement l'histoire des villes nouvelles. Dans les années 1970, soucieux de commercialiser leurs programmes immobiliers, les promoteurs vendent une nouvelle vie en banlieue, avec des images empruntées à la mythologie du Far West. A Saint-Quentin-en-Yvelines, au milieu des années 1970, les plaquettes de l'EPA évoquent ainsi un nouveau lieu de vie à l'écart de la mégalopole saturée que constitue Paris.
Informations[1]Depuis leur création, les villes nouvelles ont canalisé un tiers de la croissance démographique de l'Ile-de-France. Elles se sont d'abord construites grâce à un flux migratoire important, puis le solde naturel a pris le relais. Elles n'ont pas atteint les objectifs démographiques élevés - 300 à 500 000 habitants par ville nouvelle - envisagés lors de leur conception. Les villes nouvelles se caractérisent globalement par une population jeune, et une sous - représentation des cadres au profit des professions intermédiaires et des employés par rapport à la région francilienne. Elles accueillaient plus souvent des grands ménages et des familles nombreuses, qui y trouvaient des logements plus spacieux. Si la taille moyenne des ménages en ville nouvelle tend à diminuer, comme dans toute l'Ile-de-France, elle reste cependant supérieure, surtout à Sénart et Cergy.
Les villes nouvelles sont aussi devenues des pôles d'emploi. Elles étaient spécialisées dans les activités industrielles, mais le secteur tertiaire, notamment les services aux entreprises et le commerce, l'emporte nettement.
Depuis 1968, l'offre d'emploi a sextuplé et a ainsi permis d'atteindre un certain équilibre entre habitat et emploi. Pourtant, l'adéquation entre les emplois offerts et les actifs résidents n'est pas totale : 60 % des postes sont pourvus par des non-résidents et le nombre des déplacements entre domicile et travail entre les villes nouvelles et le reste de l'Ile de -France augmente régulièrement. Ce phénomène est particulièrement sensible pour les personnes travaillant dans le secteur public qui réside en ville nouvelle sans y travailler.
