3.1 Nourrir Paris
Comme sous l'Ancien régime, les territoires qui entourent Paris ont vocation à nourrir la ville. A la fin du XIX° siècle, aux abords de la capitale, l'industrialisation n'a pas éliminée l'activité agricole. Saint Denis, archétype de la cité industrielle, peuplée de 60 000 habitants en 1901, consacre 20% de son territoire à l'agriculture, produit froment, seigle, orge, fourrages, cultures légumières et maraîchères et nourrit un cheptel abondant : chevaux, vaches laitières, moutons. En 1892 les 1500 laitiers nourrisseurs de la Seine vendent leur lait frais à Paris.
Les activités agricoles reculent lentement, mais elles se transforment pour répondre aux besoins des citadins : l'essentiel des légumes consommés dans la capitale proviennent des communes de banlieue jusqu'aux années 1950.
Les cultures maraîchères fournissent légumes, fruits, fleurs cultivés par des maraîchers, qui emploient en 1912 11 000 salariés agricoles ; en proche banlieue jusqu'aux années 1890, ils sont chassés par l'urbanisation vers Gennevilliers, La Courneuve, Croissy, Montesson, Créteil. De riches et puissantes familles maraîchères dominent ces communes, souvent à la tête des conseils municipaux jusqu'à la première guerre mondiale, leurs terrains constituent d'importantes réserves foncières. En banlieue est, les terres des maraîchers sont lotis pour construire des pavillons. Au fur et à mesure qu'on s'éloigne de Paris, la grande agriculture se maintient, rongée peu à peu à partir des années 1960 par l'urbanisation. Ces paysages, témoins d'une activité ancienne fortement ancrée, subsistent jusqu'à aujourd'hui. Tels les maraîchages, les jardins ouvriers, les murs à pêches de Montreuil ou les très nombreux espaces en friche , entre barres et pavillons, qui caractérisent la banlieue nord.
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