Leçon 8 - Crises des banlieues, politique de la ville et émeutes urbaines (1970- 2005)

3.5. La création de l' ANRU et la loi Borloo (2003) : la fin de la politique de la ville ?

L'ANRU est un établissement public industriel et commercial (EPIC). Son conseil d'administration compte 24 membres. Il réunit l'Etat, l'Union d'Economie Sociale du Logement (UESL) gestionnaire du 1% logement, l'Union Sociale pour l'Habitat (USH), la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC), l'Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat (ANAH), des représentants des communes, des EPCI, des départements et des régions ainsi que des personnalités qualifiées.

L'ANRU a été créée dans le but de simplifier et d'accélérer les démarches des collectivités locales et des organismes d'HLM désireux de mettre en œuvre des projets de rénovation urbaine dans les quartiers prioritaires. Au lieu de s'adresser comme auparavant à divers organismes financiers et administratifs, l'agence est devenue l'unique interlocuteur et l'unique guichet de financement, qui centralise les fonds venus de l'Etat, des bailleurs sociaux et des collectivités territoriales.

Le programme national de rénovation urbaine, tel que défini par La loi du 1er août 2003 d'orientation et de programmation pour la ville prévoit une offre nouvelle de 200 000 logements locatifs sociaux, la réhabilitation de 200 000 logements locatifs sociaux, la résidentialisation[1] d'une nombre équivalent de logements sociaux ainsi que la démolition de 200 000 logements. Les aides de l'ANRU concernent les quartiers classés en zones urbaines sensibles (ZUS). A l'horizon 2013, 490 quartiers répartis dans la France entière seront rénovés, améliorant le cadre urbain de vie de près de 4 millions d'habitants.

Cependant, le primat donné à la destruction des immeubles de logement social, qui avaient bénéficié de trente ans de coûteuses rénovations successives, pose de délicats problèmes de relogement des habitants, qui souvent ne veulent pas quitter leur quartier ou leur commune, et sont relogés en ZUS le plus souvent. Il signe l'échec d'une politique qui ne pouvait enrayer les processus de paupérisation des couches populaires, dont les causes ne se situent pas à l'échelle du quartier. Ne pouvant réduite le chômage, on transforme l'habitat et son environnement immédiat tout en déplaçant les habitants le plus souvent dans la même commune ou à l'intérieur du parc social du même bailleur.

Voir le site de l'Agence Nationale pour la Révolution Urbaine, qui dispose d'une photothèque des travaux en cours et des réalisations.

La démolition de la barre Diderot à Surville, 2004InformationsInformations[2]
La barre Diderot vue de l'arrière, 2004InformationsInformations[3]
Après la destruction de la barre DiderotInformationsInformations[4]
  1. Résidentialisation

    Le terme est un euphémisme qui désigne une opération d'aménagement urbain qui consiste à privatiser les espaces intermédiaires autour des habitations, à les sécuriser (dispositifs de vidéo-surveillance, codes d'accès, grilles) et à empêcher les intrusions.

  2. Photo Mathieu Percheminier

  3. Photo Mathieu Percheminier

  4. Photo Mathieu Percheminier

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