Leçon 7 - Le grand chambardement : aménagement régional, villes nouvelles et nouveaux départements (1965-1980)

2.2. La banlieue municipale comme système urbain

L'histoire administrative des rapports entre Paris et la banlieue est perçue traditionnellement comme celle d'une tutelle multiple sur les communes de banlieue ; mais depuis le Second Empire, l'urbanisation conduit au passage d'un espace communal morcelé à la mise en place d'une dynamique d'agglomération urbaine. Si ce mouvement d'urbanisation contribue inéluctablement à solidariser les destinées de la ville de Paris et des communes environnantes, les autorités publiques – élus, administrateurs et techniciens confondus – se doivent d'élaborer de nouvelles politiques publiques. Ces politiques publiques d'essence intercommunale sont inventées pour répondre aux demandes sociales nouvelles. Le dépassement du cadre communal s'effectue par la création des syndicats intercommunaux des communes de Seine – banlieue : octroi, personnel municipal, gaz, pompes funèbres, assainissement. La banlieue fonctionne comme un système urbain, créé par l'urbanisation, l'industrialisation, les réseaux, et surtout le volontarisme en matière urbaine des maires et du personnel communal.

Carte de la Seine-banlieue : la banlieue municipale comme système urbainInformationsInformations[1]

Cette dynamique rend obsolète la représentation classique des rapports entre l'Etat et les communes, pensés comme jacobins jusqu'aux lois de décentralisation. La tutelle de la Préfecture de la Seine, de la Direction des affaires départementales de la préfecture de la Seine et de la sous – direction des communes est un partenariat négocié et accepté par les élus, même communistes ; l'Etat a toujours su déléguer : les rapports sont beaucoup moins conflictuels qu'une histoire sommaire des représentations ne le laissait supposer. Une élite de maires, d'élus au Conseil général de la Seine, d'administrateurs de la préfecture de la Seine pensent et agissent ensemble, dès la Belle Epoque, en terme d'agglomération dense, surmontant par les pratiques le clivage symbolique entre la capitale et sa périphérie. Quatre organismes d'administration et de délibération : la préfecture de la Seine, la préfecture de police, le Conseil municipal de Paris et le Conseil général de la Seine administrent l'ensemble. Jusqu'en 1967, date de sa disparition, le Conseil général de la Seine est composé d'élus parisiens et d'élus banlieusards toujours minoritaires.

Des personnalités majeures d'envergure locale, régionale et nationale à la fois, tels André Morizet , maire de Boulogne-Billancourt, Henri Sellier, maire de Suresnes, ou Théodore Tissier, maire de Bagneux inventent des moyens de gérer l'agglomération dense. Dès avant 1914, les élus, notamment les socialistes autour d' Henri Sellier, s'étaient appropriés le discours sur la réforme urbaine. S'appuyant sur le discours des urbanistes réclamant un plan d'extension de la capitale, les élus SFIO avancent l'idée d'une grande commune parisienne englobant Paris et les communes de banlieue, débarrassée de l'octroi .

Complément

Le site Maitron.org permet d'accéder aux biographies du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Les Editions de l'Atelier, très complet s'agissant des biographies des élus de banlieue.

  1. Source : Albert Demangeon, Paris et sa banlieue, Paris, Editions Bourrelier, 1933. Sur PPT

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