Leçon 7 - Le grand chambardement : aménagement régional, villes nouvelles et nouveaux départements (1965-1980)

1.4. Le PADOG, containment de l'agglomération

Un décret du 31 décembre 1958 prescrit l'établissement d'un nouveau plan d'aménagement et d'organisation générale de la région parisienne (PADOG), approuvé par décret du 6 août 1960. Il s'agit de limiter l'attractivité de la région parisienne, de décongestionner Paris, d'envoyer les industries en province, politique appuyée sur les premiers effets de la législation décentralisatrice. La loi du 8 août 1950 crée le Fonds national d'aménagement du territoire (FNAT) qui finance des opérations d'aménagement industriel dans le cadre de la décentralisation ; le décret du 5 janvier 1955, dont l'objectif est de désindustrialiser Paris et sa banlieue au profit de la grande banlieue et de la province, exige un agrément pour toute construction à caractère industriel et commercial. Le décret du 30 juin 1955 vise la décentralisation des services ou établissements scientifiques et techniques relevant de l'État.

L'industrie automobile, très concentrée dans l'Ouest parisien, à la fois à Paris et en banlieue, subit les effets de cette politique ; après le bombardement de l'usine de Billancourt, les pouvoirs publics tentent d'empêcher sa reconstruction sur place, mais se heurtent à l'opposition de Louis Renault.

L'île Seguin
L'île SeguinInformationsInformations[1]

Les nouvelles installations se font en province : Saint Jean - de -la - Ruelle en 1948, Flins en 1951, Cléon en 1958, Sandouville en 1964, Dreux en 1970, Douai en 1971. Renault, dont 84% des emplois étaient localisés dans l'agglomération parisienne en 1948, n'en avait plus que 37,7% en 1974. Ce processus de décentralisation conduit à une désindustrialisation continue de Paris et de la proche banlieue, accentuée par l'entrée dans la crise économique à partir des années 1980.

La décentralisation de l'industrie automobile en cours, fin 1957InformationsInformations[2]

Ces idées sont reprises dans le Plan d'aménagement et d'organisation générale de la région parisienne (PADOG). Fixant un périmètre d'agglomération au delà duquel toute construction devait être proscrite, le PADOG prévoit de renforcer le système de transports de la région parisienne, particulièrement défectueux à la fin des années 1950. Outre l'idée d'un réseau autoroutier de 300 kms, il imagine un aérodrome au nord de Paris et un réseau ferré express régional. Il s'agissait à la fois d'intégrer des lignes existantes de la SNCF et de créer des voies nouvelles pour rapprocher la banlieue de la capitale. Les principes du PADOG sont le zonage des activités et le containment[3] de la région parisienne : il se révèle inapplicable, et se voit remplacé par les villes nouvelles, en rupture avec toutes les conceptions précédentes.

  1. Source : L'Illustration, 1938

  2. Source : Chambre syndicale des constructeurs automobiles

  3. Containment

    Ce mot anglais qui signifie endiguement a d’abord été appliqué à la politique étrangère des Etats-Unis visant à endiguer le communisme durant la guerre froide ; il a ensuite glissé vers la qualification des politiques d’aménagement visant à freiner l’expansion d’une agglomération urbaine.

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