1.2 L'installation du mythe
La conquête par les communistes de quelques municipalités, dont Ivry et Bobigny, aux élections municipales de 1925, achève de fixer en banlieue la peur sociale. La campagne antibolchevique de l'après-guerre, particulièrement virulente en banlieue où l'image célèbre du bolchevik au couteau entre les dents est largement diffusée par le Bloc national lors des élections de 1919, comme la campagne anticommuniste des années 1920 sur le thème du parti de l'étranger, expliquent aussi le développement de la psychose.
Désorganisé par la bolchevisation (1924) le PC français se réduit malgré la crise des années 1930 à une secte isolée provocatrice et sans poids électoral. De 1928 à 1932, il maintient difficilement ses positions en banlieue et gère 11 municipalités, dont Ivry, Bobigny et Saint-Denis, sur les 80 de la Seine, et quelques communes très ouvrières, telle Bezons conquise en 1925 en Seine-Et-Oise. La faiblesse de cette implantation n'empêche nullement l'enrichissement du thème de la ceinture rouge. Communistes et courants conservateurs déploient le même argumentaire dont sont simplement inversées les conséquences. La banlieue, terre déshéritée, vouée inéluctablement à la révolte puis à la révolution, encercle une capitale qui concentre l' ordre, la civilisation et les symboles de l'Etat bourgeois et capitaliste. Pour les communistes, toutes les communes de la banlieue ouvrière doivent tôt ou tard devenir des bastions rouges. Catholiques, conservateurs et radicaux s'assignent comme mission la reconquête sociale et politique de la ceinture rouge. La grande enquête du père Lhande , Le Christ dans la banlieue (1927) analyse la déchristianisation des milieux ouvriers en banlieue et marque profondément l'opinion catholique
