Leçon 3 - La question du logement populaire : lotissements pavillonnaires et logement social dans l'entre-deux-guerres

3.2 L'âge d'or du socialisme municipal

Complément

Le socialisme municipal se développe entre la Belle Epoque et les années 1930.Les élus municipaux issus du parti socialiste SFIO utilisent les possibilités de l'action locale (régies municipales pour les grands services urbains , logement social, aides aux populations les plus fragiles) afin de favoriser les ouvriers , les employés, les habitants les plus modestes .

Les collectivités territoriales, communes et départements, s'emparent de la possibilité de créer des Offices publics, chargés d'aménager, de construire et de gérer des immeubles salubres et des cités-jardins ; la Ville de Paris crée son Office en 1914 et celui de la Seine date de 1915. Au lendemain de la guerre, la construction reprend difficilement, main d'œuvre et crédits étant absorbés par la reconstruction des régions libérées.

Définition

C'est le Britannique Ebenezer Howard (1850-1928) qui a, le premier, l'idée de mettre les villes à la campagne. Il imagine la création de « cités-jardins », entièrement autonomes, afin de décongestionner les grandes villes industrielles surpeuplées et inorganisées. En 1898, il publie un ouvrage, To-morrow, a peaceful path to real reform (Demain, un chemin paisible vers une véritable réforme) . Howard situe autour de 30 000 le nombre optimal des habitants de ces cités-jardins, car tous doivent trouver un emploi sur place. Elles regrouperaient les trois grands secteurs d'activités : l'agriculture, l'industrie et les services. L'aménagement concentrique de ces cités-jardins prévoit en leur centre un grand jardin dans lequel se répartissent les équipements publics : mairie, salle de concert, théâtre, bibliothèque, musée, dispensaire municipal.

L'idée est importée en France par l'intermédiaire du Musée social grâce à Georges Benoit-Lévy , sous forme de banlieue-jardin, quartier de résidence aménagé et planifié, et non de villes complètes comme dans le concept initial.

L'Office public de HBM de la Seine, sous la direction d'Henri Sellier, construit 15 cités –jardins, aux côtés d'autres maîtres d'ouvrage, tels l'Office public du département de Seine-et- Oise ou les compagnies de chemins de fer ; à Suresnes dont Sellier est maire, est édifiée une cité-jardin modèle, où les habitants bénéficient d'équipements collectifs et sont encadrés par les services sociaux municipaux. Ivry, municipalité communiste depuis 1925, réalise des HBM de brique rouge pour y loger la classe ouvrière militante. La cité Pax à Bagneux témoigne de l'activité des sociétés privées de HBM de leur choix de la modernité architecturale ; les architectes Eugène Beaudoin et Marcel Lods y construisent le premier immeuble collectif avec des panneaux de béton industrialisé .Environ 30 000 logements sont réalisés ainsi durant l'entre-deux-guerres en région parisienne ; ces cités de logement social sont pensées comme des prototypes permettant, si elles étaient généralisées, de résoudre la question du logement et celle de la croissance de la banlieue.

Complément

Henri Sellier (1883-1941), socialiste, conseiller général de la Seine, maire de Suresnes (1919-1941), administrateur puis président de l'OPHBM de la Seine, transforme sa commune en un laboratoire de l'action municipale et pense la réorganisation de la banlieue autour de banlieues-jardins planifiées.

Voir sa biographie complète dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, série 1914-1940, Les Editions de l'Atelier.

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