Leçon 3 - La question du logement populaire : lotissements pavillonnaires et logement social dans l'entre-deux-guerres

2.1 La banlieue choisie

Pourquoi quitter Paris ou les casernes des faubourgs immédiats, pour tenter la difficile aventure banlieusarde ? Les aspirations qui expliquent ce mouvement de masse s'inscrivent dans la longue durée de l'évolution des mentalités populaires.

  • La diffusion des thèmes hygiénistes, présents bien avant 1914, se généralise aux lendemains de la Grande Guerre : on quitte l'air vicié des taudis pour le bon air de la banlieue, conseillé aux enfants chétifs.

Attention

L'hygiénisme rassemble un ensemble de doctrines , élaborées entre la fin du XVIII° siècle et la fin du XIX° siècle, qui fait de la conservation de la santé physique de la population la condition de l'équilibre social et l'objectif des politiques urbaines. Les politiques hygiénistes prennent toutes les mesures pour préserver la santé des populations, prévenir les épidémies et assurer l'hygiène publique.

  • La cherté de la vie a répandu le goût de la culture potagère et le désir d'habiter près de son jardin, ou du moins de pouvoir y venir fréquemment. Le succès parallèle des jardins ouvriers de la Ligue du coin de terre et du foyer témoigne du même engouement pour la culture d'un jardin familial.

Complément

La Ligue du coin de terre et du foyer , fondée en 1895 par l'Abbé Lemire pour fournir des jardins potagers aux familles ouvrières, subsiste aujourd'hui ; elle est devenue l'importante Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs.

  • Le lotissement, espace uniquement résidentiel, permet aussi de fuir la proximité de l'usine et de ses fumées, au prix d'un étirement épuisant de la distance au travail.

  • Il s'agit aussi de devenir propriétaire et de sortir du statut de locataire, soumis au propriétaire, appelé « Monsieur Vautour », de fuir la concierge et l'augmentation des loyers.

  • Les maisons sont très petites, mais plus agréables que les appartements parisiens, où le logement décent est inaccessible à cause de la crise du logement et de la cherté des loyers.

Chanson « Donnez des logements ! »1913 Extrait de la chanson et couverture de la partitionInformationsInformations[1]
  • Construire dans un lotissement c'est bénéficier d'un ensemble de libertés nouvelles. Avoir un chez soi, enraciner sa famille sur une parcelle de terrain, c'est être en sécurité après les bouleversements dus à la guerre, la dépréciation du franc et l'inflation. La liberté dans la gestion de l'espace est immédiate : à la maison s'ajoutent le jardin mais aussi un auvent, des appentis, des latrines, une buanderie, un poulailler, un clapier.

  • La maîtrise dans le temps du projet résidentiel compte aussi ; le passage de la parcelle à la bicoque, puis à la maison d'habitation permanente, auto construite ou non, peut se faire à un rythme choisi, en quelques mois ou en vingt ans.

Livry-Gargan, lotissement du coteau de ClichyInformationsInformations[2]

Les constructions, très petites, sont faites de matériaux légers, les chemins de terre ne sont pas goudronnés, le quartier est en devenir.

  1. Source : Patrick Kamoun, Chantons pour un toit

  2. Source : Carte postale, Collection particulière de l'auteur

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Droits réservés Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)