Leçon 3 - La question du logement populaire : lotissements pavillonnaires et logement social dans l'entre-deux-guerres

1.1. La crise du logement

Le succès des lotisseurs s'explique d'abord par la gravité de la crise du logement à Paris et en proche banlieue. Dans une France qui stagne démographiquement, la banlieue parisienne fait contraste ; entre 1921 et 1946, la population augmente de 500 000 habitants, avec une phase de très forte croissance jusqu'en 1931, suivie d'une phase de stagnation puis de régression pendant les années de crise économique et de guerre. Paris maintient sa population, et c'est la banlieue seule qui assure le dynamisme de l'agglomération.

Conseil

La crise du logement signifie qu'il y a déficit de logements décents et accessibles pour les ménages solvables ; mais cette notion doit toujours être comprise dans son contexte ; la crise de la fin du XIX° siècle est due à la cherté des loyers, celle des années 1920 à l'absence de constructions depuis l'avant guerre, celle des années 1950 au baby boom et aux destructions dues à la guerre

Population de Paris et de l'agglomération parisienne 1801-2007InformationsInformations[1]
Courbe de la croissance de la population de Paris et de l'agglomération parisienne 1801-2006InformationsInformations[2]
Carte : L'urbanisation de la banlieue, début des années 1930InformationsInformations[3]

Comme le solde naturel fléchit, c'est le solde migratoire qui assure seul cette croissance. Paris et sa banlieue sont des terres d'immigration provinciale et étrangère. Or, dans les années 1920, la région parisienne connaît une grave crise du logement due à la faiblesse structurelle de l'offre de logement populaire :

  • découragement des investisseurs privés à cause du blocage des loyers

  • dynamisme revendicatif des locataires qui empêchent le retour à la liberté des loyers après guerre,

  • faiblesse de la construction de logements sociaux faute de mobilisation des crédits publics dans un contexte de graves difficultés financières

Les recensements de 1921 et 1926 montrent qu'à Paris comme en Seine -banlieue, plus de 40% de la population est mal logée. La mise en place des réseaux suburbains – tramways, puis autobus – entraîne la croissance de la mobilité citadine, qui connaît un rapide essor avec 500 000 migrations pendulaires journalières Paris-banlieue en 1931. Tout est en place pour que s'opère un premier découplage entre résidence et emploi.

  1. Source : INSEE, copyright Frédéric Saly.

  2. Source : INSEE, copyright Frédéric Saly

  3. Source : Albert Demangeon, Paris et sa banlieue, Paris, Bourrelier, 1933

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