Leçon 2 - Croissance de la banlieue et diversification des espaces 1860-1940

2. 2 La Plaine Saint Denis, le triomphe de l'industrie lourde

La vaste plaine Saint Denis, partagée entre les communes de Saint Denis, Aubervilliers et Saint Ouen, à l'abri des crues de la Seine, où les nappes phréatiques sont peu profondes, dispose d'atouts qui expliquent la densité de l'industrialisation. La proximité des quartiers artisanaux parisiens où vivait et travaillait une main d'œuvre qualifiée, de vastes terrains bon marché, une bonne desserte par la Seine, la route du Nord, le canal Saint Denis, ouvert en 1821, liant le canal Saint Martin à la Seine, puis des voies ferrées qui font de la gare marchandises de la Plaine la plus importante de France en 1939.En cinquante ans, l'aspect champêtre disparaît pour laisser place à un paysage de cheminées d'usine, de bâtiments industriels, de voies ferrées, de réservoirs à gaz .

Paysage industriel de la plaine Saint Denis à la Belle Epoque, carte postaleInformationsInformations[1]
Le triangle industriel de la Plaine Saint Denis : au sud, Paris, à l'ouest, la Seine, à l'est, le canal Saint Denis ; l'emprise industrielle est en violet, celle de l'urbanisation en rouge), extrait d'une carte du département de la Seine, 1921, Préfecture de la Seine, BHVP.InformationsInformations[2]

Sous le Second empire, la chimie et la métallurgie, fuyant la capitale, s'installent à Saint Denis : les générateurs Belleville en 1864 avec 130 ouvriers , les laminoirs Laveissière en 1867 , Claparède en 1867 avec 400 ouvriers occupés à la fabrication de locomotives et de navires. En 1877 l'usine Christofle, premier orfèvre industriel français, pionnier du nickel y installe ses 500 ouvriers.

Pendant les années de forte croissance de 1890 à 1914, la taille des établissements métallurgiques augmente par absorption et fusion, ainsi la Compagnie française des métaux avec 500 ouvriers sur 30 000 m2.La Grande Guerre apporte les constructions électriques. Les industries lourdes, polluantes, métallurgie (44% des établissements) et chimie (25%), concentrées en grosses entreprises de plus de 200 employés dominent ; il y a peu d'activités de pointe , mais beaucoup d'infrastructures énergétiques : usine à gaz du Cornillon (1882), celle du Landy (1889), centrale électrique Continental Edison (1889), Société d'électricité (1901), dépôts d'hydrocarbures.

En 1939, 533 établissements industriels emploient 27 500 salariés pour une population de 78 000 habitants. L'industrie attire une main d'œuvre venue de Paris et des communes avoisinantes, ainsi que des migrants originaires du Nord de la France, de Picardie, ou des Cotes du Nord, les jeunes Bretons célibataires étant journaliers dans les usines ; Italiens, Polonais, Nord-Africains, Espagnols s'installent à Saint Denis ; les premiers bidonvilles espagnols dans la Plaine datent des années 1920.

  1. Source : collection particulière, droits réservés

  2. Source : extrait d'une carte du département de la Seine, 1921, Préfecture de la Seine, Bibliothèque historique de la ville de Paris

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