Leçon 2 - Croissance de la banlieue et diversification des espaces 1860-1940

Cours

Avec le décret du 15 octobre 1810 qui répartit en trois classes les « manufactures et ateliers insalubres, incommodes et dangereux », les autorités disposent de pouvoirs qui permettent de repousser hors de la ville les puanteurs, les fumées, le bruit générés par l'industrie. Cette réglementation ne cesse de s'étendre, et en 1886 le nombre d'industries classées dépasse 500. Les établissements les plus polluants ne peuvent s'installer près des habitations particulières, la décision finale étant prise, après enquête, par l'administration préfectorale. Sous le Second Empire, Haussmann envisage que la grande industrie devra, à terme, quitter la ville centre, mais il n'y a aucune politique systématique de désindustrialisation de la capitale, au contraire. Maintenir dans Paris des activités et des emplois industriels reste longtemps une priorité des responsables parisiens. L'usine à gaz des Ternes, à coté du parc Monceau, est maintenue malgré les protestations des riverains. Les ateliers de la CGO forment une considérable emprise rue Championnet, dans le XVIII° arrondissement, qui bloque le développement du quartier. En 1892, 138 des 185 dépôts de chiffons usagés où était triée la récolte journalière des chiffonniers parisiens restent intramuros. Cependant à Paris comme en banlieue, l'industrie polluante et bruyante est tolérée dans les quartiers ouvriers, mais découragée dans les quartiers résidentiels ou de villégiature : La Préfecture interdit l'installation d'une brasserie Quai de Passy, au motif du risque de pollution des jardins riverains. La tendance est bien à installer en banlieue les fonctions non productives et encombrantes :

  1. Entrepôts et dépôts divers : pavés, tramways, omnibus

  2. Collecteurs et champs d'épandage : Achères, Gennevilliers

  3. Cimetières « parisiens » sur des terrains achetés aux communes : Saint - Ouen, Pantin, Ivry, Thiais, Bagneux

  4. Dépôts de mendicité : la maison départementale de Nanterre, sous tutelle de la Ville de Paris, compte 3760 pensionnaires en 1891 ; des hospices : Issy-les-Moulineaux, Gentilly, Ivry, Villejuif, Le Kremlin - Bicêtre

  5. Les industries de service aux ordres de la clientèle parisienne : la bourgeoisie parisienne fait laver son linge sale en banlieue, à Boulogne, Levallois, Vanves et Sèvres

  6. Les entreprises de chimie organique polluante prolifèrent autour de Pantin et d'Aubervilliers, en liaison avec les déchets générés par la présence des abattoirs de La Villette : clos d'équarrissage, boyauderie, fabrique d'engrais et de noir animal. La puanteur et les fumées sont les mêmes de part et d'autre des limites administratives.

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