Leçon 2 - Croissance de la banlieue et diversification des espaces 1860-1940

1.1 Une banlieue peuplée de Provinciaux

La croissance démographique singularise la région parisienne au sein d'un pays qui ne s'accroît plus depuis la fin du XIXème siècle ; Paris atteint un maximum de population au recensement de 1921 avec 2,9 millions d'habitants, mais le relais de la croissance est pris par la banlieue dès les années 1890. Avec un taux de croissance annuel de 3% l'an, la banlieue, dans un pays de moins de 40 millions d'habitants dont la croissance est très faible (0,1% par an), fait figure d'exception, elle s'accroit grâce à un solde migratoire positif; les migrants viennent pour les deux tiers de province, 10% viennent de l'étranger : Angleterre, Italie, Allemagne, Belgique, Pologne. S'ouvre une période de rapide renouvellement démographique et de mobilité de la population : en 1891, les deux tiers des Parisiens ne sont pas nés à Paris, en banlieue la croissance démographique est due de façon presque exclusive à l'immigration; sur 100 habitants nouveaux, 97 ne sont pas nés dans la commune où ils sont recensés en 1896.

Population de l'agglomération parisienne de 1801 à 2007
Population de l'agglomération parisienne de 1801 à 2007
Croissance de la population parisienne (1801-1806)
Croissance de la population parisienne (1801-1806)

La population se renouvelle très rapidement, et avant la généralisation de la mobilité et des transports en commun, se déplace, déménage et change de résidence. La croissance est due de façon quasi exclusive à l'immigration, avec des nuances :

  • Dans les communes restées à dominante rurales ou vouée aux cultures maraichères, au Sud et dans la partie Nord Est (Pierrefitte, Dugny, Drancy, Bobigny, Romainville), la part des autochtones reste forte : les agriculteurs, mais pas les maraîchers, sont de souche locale.

  • L'immigration des natifs de la capitale vers la banlieue se porte en priorité vers les villes de villégiature bourgeoise à l'Ouest de la capitale ou vers les boucles de la Marne.

  • L'immigration provinciale peuple la nouvelle banlieue industrielle ; les migrants proviennent des départements du Nord et de l'Est : Nord, Picardie, Alsace occupée, Bourgogne ; ils s'installent près de leur zone d'arrivée : les natifs du Maine en banlieue Ouest, les Picards en Plaine Saint-Denis.

  • Le critère social reste déterminant : les migrants originaires des régions de tradition industrielle se fixent dans les communes ouvrières, comme les journaliers agricoles non qualifiés venus de Bretagne. Belges et Italiens se dirigent ainsi vers les zones d'industrie. Diversité des migrations et diversification sociales des communes de banlieue se renforcent ainsi.

Carte : L'urbanisation de la banlieue, début des années 1930InformationsInformations[1]
  1. Source : Albert Demangeon, Paris et sa banlieue, Paris, Bourrelier, 1933

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