1.4 Pathologies urbaines
La ville malade fait peur : après trois révolutions, en 1789, 1830 et 1848, les monarchies craignent le soulèvement du peuple parisien, toujours plus nombreux et entassé dans le centre. Insurrections urbaines, troubles politiques et sociaux et manifestations républicaines se succèdent de la Restauration à 1848. On craint aussi les épidémies : le choléra ravage la capitale en 1832, puis 1853, 1854, 1866, 1867 et les élites urbaines réclament l'assainissement de la ville cloaque. La masse de jeunes migrants provinciaux et célibataires, attirés par la capitale, forme ces classes laborieuses, perçues comme une menace permanente comme l'a bien montré Louis Chevalier.
Complément :
En 1958, dans la collection Civilisation d'hier et d'aujourd'hui chez Plon, paraissait un livre flamboyant, Classes laborieuses et classes dangereuses, à Paris, pendant la première moitié du XIXe siècle. Louis Chevalier restera l'auteur inoubliable de ce chef d'œuvre étrange et inclassable. Professeur au Collège de France depuis 1952, Louis Chevalier infléchissait ici de façon essentielle la trajectoire de sa réflexion. Venu de la démographie historique, a la confluence de l'histoire urbaine et de l'histoire de Paris, de l'histoire et de la littérature, l'auteur invente l'histoire des représentations. Classes laborieuses et classes dangereuses semble aujourd'hui encore rassembler des interrogations d'une étonnante modernité sur les phénomènes qui font naître les peurs sociales à partir d'une crise de croissance de la ville.
voir le site : www.college-de-france.fr
Les élites urbaines - élus, médecins, architectes, observateurs sociaux, animateurs d'œuvres charitables - réfléchissent depuis les années 1840 à la nécessaire transformation de la capitale Cette dense préparation de l'haussmannisation débouche sous les préfets Rambuteau et Berger sur les premières réalisations, qui se heurtent à la résistance – « l'orléanisme » - des propriétaires parisiens.
Définition :
L' « orléanisme » des propriétaires parisiens, selon l'expression du géographe et historien de la ville Marcel Roncayolo, renvoie à la fois aux opinions politiques de ce groupe social fidèle à la Monarchie de Juillet, à leur conception libérale de l'économie et surtout à leur refus de toute intervention de l' Etat dans l'évolution du marché immobilier . La propriété privée du sol urbain ne doit pas , pour eux, être affectée par les impératifs généraux du développement de la ville.
Au milieu du XIX° siècle, la capitale semble totalement inadaptée à la fois à sa croissance démographique et au développement économique lié à la révolution industrielle qui transforme l'économie française et certains quartiers de la capitale et de sa banlieue.