Leçon 8 - Crises des banlieues, politique de la ville et émeutes urbaines (1970- 2005)

4.1. Une série de ruptures

Les émeutes urbaines de l'automne 2005, suivies des troubles de mai 2006 à Montfermeil, puis de novembre 2007 à Villiers-le-Bel, entrainent des ruptures :

  • Malgré la dégradation de la situation de quartiers, elles ont surpris les acteurs politiques nationaux et locaux par leur ampleur

  • Elles ont été immédiatement commentées à travers le monde entier : certaines chaines de télévision américaines les analysent comme des Muslim riots, les images de voitures brûlées ont fait le tour du monde grâce aux moyens modernes de communication en temps réel . La situation de Paris est assimilée à celle de Bagdad en guerre, il est question de guerre civile ou civil unrest

  • Elles constituent une rupture quantitative : 274 communes sont concernées les 6 et 7 novembre 2005 ; durée : 21 jours ; effets : 100 000 voitures brûlées, 230 bâtiments publics détruits ; 250 millions d'euros de dégâts

  • Elles constituent une rupture qualitative : systématisation des affrontements entre jeunes et police, incendies des édifices incarnant les institutions (école, gymnase, équipements divers ) , neutralité de la population locale adulte qui laisse faire, usage des armes à feu en 2007.

  • Elles revivifient le souvenir des guerres coloniales. La rivalité politique entre le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy et le premier ministre Dominique de Villepin n'a pas facilité la gestion de la crise au sommet de l'Etat ; pas plus que le double discours, à la fois sécuritaire et démagogique. Le gouvernement a proclamé l'état d'urgence le 8 novembre 2005 en application de la loi du 3 avril 1955 votée pour être appliquée en Algérie . Deux décrets mettent en œuvre la loi de 1955 dans tout ou partie de vingt-cinq départements, parmi lesquels la totalité de l'Île-de-France.

  • Elles ont donné lieu à de multiples enquêtes de terrain et à une mobilisation interprétative presque immédiate par les sciences humaines, à l'exception notable des historiens, qui ne se sont pas exprimés faute d'archives. La bibliographie s'accroît de jour en jour, en français et en langue anglaise, notamment dans une perspective comparatiste

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