2.2 Un système de flux
La grande ville est conçue comme un ensemble de flux : de voyageurs, de marchandises, de moyens de circulation, d'eau, d'air pur. Les gares, entreprises avant le Second Empire, sont achevées et des voies percées pour les desservir. La création des voies nouvelles est organisée et financée en trois réseaux :
Le premier aménage la grande croisée centrale : boulevards de Strasbourg, Sébastopol, Saint Michel, et rue de Rivoli, boulevard Saint Germain, dégage l'île de la Cité et les Halles (1854-1858)
Le second oriente la croissance vers l'extérieur (1858-1860) : Place du Château d'eau, Magenta, Voltaire, Turbigo, Daumesnil, Malherbes, place de l'Etoile, Chaillot, alentours de la montagne Sainte Geneviève
Le troisième, après 1860, achève les projets autour de l'Opéra , et permet la circulation dans la zone annexée : rue de Puebla ( des Pyrénées), rue Jeanne d'Arc, boulevard d'Ornano ; il est achevé bien après la chute du Second Empire.
Le système des parcs dus à Alphand, soit 1835 hectares d'espaces verts créés en 20 ans contribue à aérer la capitale : des arbres sont plantés le long des voies nouvelles, sauf l'avenue de l'Opéra, des squares et des parcs sont créés de toute pièce : Montsouris, les Buttes Chaumont, le parc Monceau ; l'aménagement des bois de Boulogne et de Vincennes complète l'ensemble, conçu comme un réseau hiérarchisé.
La distribution d'eau potable et la construction d'un réseau d' égouts, dus à l'ingénieur Eugène Belgrand, achève l'assainissement de la capitale ; le premier collecteur construit sous la rue de Rivoli date de 1851, en 1878, le réseau d'égouts mesure 620km. Mais Haussmann refuse d'envisager le tout –à – l'égout, instauré à Paris, après de longs et difficiles débats, en 1894.
Complément : Sur l'assainissement urbain
Le tout à l'égout est un procédé consistant à évacuer par la même canalisation les eaux usées de toute nature, vannes (c'est à dire matières fécales et urine), ménagères, industrielles, et en partie ou en totalité les eaux pluviales. La bataille du tout à l'égout oppose à la fin du XIX° siècle les propriétaires parisiens, qui refusent d'être obligés de l'installer dans leurs immeubles, aux hygiénistes :
Voir l'article classique de Gérard Jacquemet : « Urbanisme parisien : la bataille du tout à l'égout à la fin du XIX° siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, n°26, octobre décembre 1979, accessible sur le site cairn.info
