2.2 Un consensus national
Le consensus autour de la production massive de logements s'établit sur quelques représentations partagées, sans débat public ou technique sur la forme urbaine :
la ville ancienne et dense n'est plus réformable
les îlots insalubres, délimités à la fin du XIX° siècle doivent être remplacés par des immeubles neufs
l'hygiénisme exige de séparer l'habitat des usines
la hantise du taudis fait accepter l'édification de logements seuls, sans équipements, où la classe ouvrière accède pour la première fois accès à des appartements neufs.
Le souvenir de la crise des lotissements défectueux pèse sur la mémoire des aménageurs, qui veulent à tout prix l'empêcher de se reproduire : le choix du collectif est aussi un refus du pavillonnaire anarchique.
Cet accord est partagé par les maires poussés par leurs administrés mal logés, par les responsables politiques, par les fonctionnaires du ministère et par les préfets responsables des ZUP, par les architectes et les maîtres d'ouvrage. Un mélange d'idéaux sociaux issus de la Résistance - le préambule de la Constitution de 1946 fait du nouveau régime une démocratie sociale - de ferveur modernisatrice et de refus du laissez faire de la Troisième république inspire les responsables de la Quatrième et de la Cinquième républiques en charge du logement, Eugène Claudius Petit, Pierre Sudreau ou François Bloch Lainé. Malgré des constructions faites apparemment au hasard des opportunités foncières, à l'échelle nationale les grands ensembles relèvent aussi d'une volonté politique d'aménagement du territoire. La DATAR et les commissions du Plan favorisent les constructions hors région parisienne, qu'il faut déconcentrer au profit de la province ; la construction se fait aussi sur les sites neufs de l'industrialisation comme à Poissy pour abriter les salariés de l'usine Simca délocalisée de Nanterre.
