Introduction à l'Essentiel "Paris et les banlieues, histoire d'un espace urbain - XIX°-XX° siècles"

Introduction

Introduction au module UOH Naissance d'un espace urbain : Paris et les banlieues XIX°-XX° siècles

Introduction au module UOH Naissance d'un espace urbain : Paris et les banlieues XIX°-XX° siècles

Le contenu : il s'agit, en 9 leçons qui forment chacune un ensemble autonome, de comprendre comment s'est constitué un espace urbain, d'identifier les nombreux mécanismes de l'urbanisation en prenant en compte l'ensemble des facteurs à des moments clefs : Par exemple, en 1860, l'annexion par la capitale des communes dites suburbaines, qui deviennent les arrondissements périphériques, ouvre sur une dynamique de transfert de l'industrie en banlieue, notamment la métallurgie et la chimie ; cet essor se poursuit jusqu'à la veille de la Première guerre mondiale, alors que les anciennes communes annexées, Belleville par exemple, deviennent, ce qu'elles n'étaient pas toutes auparavant, des villes avec des mairies, des écoles, des équipements, une voirie urbaine semblable à celle du centre de Paris auquel elles sont maintenant reliées

.« Paris en 1871. Les opérations de voirie exécutées entre 1854 et 1871 sont indiquées par des teintes jaunes et rouges »InformationsInformations[1]

Autre exemple, pris cette fois au XX° siècle, la décision prise en 1965 de construire les villes nouvelles de la région parisienne, - 9 sont envisagées, 5 sont réalisées -, oriente les migrations résidentielles des populations, les réseaux de transports et les équipements vers des sites choisis par les urbanistes et les technocrates, comme le plateau situé dans une boucle de l'Oise dans le cas de Cergy Pontoise, située dans le Val d'Oise (leçon 7).

C'est dire que les leçons envisagent tous les acteurs, privés et publics, qui ont contribué à faire de la ville avec l'espace encore totalement rural qui entourait Paris sous les monarchies censitaires (1815-1848).

Titre : « Carte des environs de Paris pour servir à l'intelligence des divers systèmes de fortifications dont cette ville a été l'objet »InformationsInformations[2]
  • Les acteurs publics : l'Etat bien sur au XX° siècle, mais aussi les municipalités, les départements par le biais des offices départementaux de HBM (habitations à bon marché), qui deviennent HLM en 1950 ; la préfecture de la Seine et les grandes directions mises en place par le préfet Haussmann à partir de 1853.

  • Les acteurs privés : par exemple les entrepreneurs, artisans qui installent leur activité en Plaine Saint Denis ou à Ivry, au bord de la Seine, quittant ainsi la capitale vers 1880. les compagnies de chemin de fer, ou de tramways, d'abord privées, qui construisent le réseau de desserte des banlieues ou les maraîchers qui vendent leur terrain de culture dans une visée spéculative.

Urbanisation ( en rouge) et industrialisation (en violet) de la Plaine –Saint-Denis , 1921InformationsInformations[3]
Paysage industriel de la plaine Saint Denis à la Belle Epoque, carte postaleInformationsInformations[4]
  • Les populations enfin : Parisiens qui quittent la capitale pour construire une maison en banlieue, en 1900 ou 1925 ou les castors des années 1950, ces auto constructeurs de groupes de petites maisons ; les migrants provinciaux et étrangers dont les arrivées successives ont façonné la population de la région francilienne.

Ces acteurs de l'urbanisation sont multiples et agissent à des échelles très différentes ; même si les acteurs privés cèdent peu à peu leur place, au cours de la seconde moitié du XX° siècle, à des intervenants publics, surtout en France, et surtout en région parisienne, il ne faut ne pas oublier la multiplicité des acteurs et des décisions à différentes échelles : la construction d'un quartier de lotissements pavillonnaires (leçon 3) dans l'entre deux guerres est le produit d'un ensemble d'acteurs privés - accédants à la propriété, lotisseurs, notaires , spéculateurs - qui, à terme, construisent de l'espace public avec les rues et les places du lotissement qui formeront à terme un quartier urbain. Le traitement spécifique des quartiers en difficulté par la politique de la ville, dont nous examinons les effets (leçon 8) est une politique publique nationales, certes partenariale entre l'Etat et les collectivités territoriales, générée par la crise des banlieues, mais dont les effets se font sentir sur tout le territoire national.

L'espace et les temps de la ville

L'espace et les temps de la ville

L'espace et les temps de la ville

Les phénomènes dont traite cet Essentiel se produisent autour de toutes les grandes villes européennes, avec des chronologies différentes : plus tôt en Grande Bretagne ou en Prusse tôt industrialisées, plus tard dans les métropoles du Sud de l'Europe Mais partout, au cours des XIX° et XX° siècles, se produisent des phénomènes de moyenne durée comparables : disparition des enceintes de la ville d' Ancien régime , naissance des banlieues d'industrie et de logement populaire pour les migrants ruraux, puis étrangers ; puis, à l'issue de la seconde guerre mondiale, intervention de la puissance publique dans le logement social, désindustrialisation à la fin des Trente Glorieuses, et à la fin du XX° siècle, difficultés de l'intégration des nouveaux immigrants dans la ville européenne qui cesse de fonctionner comme un melting pot.

Définition : Melting pot est une expression d'origine anglaise qui signifie creuset. Elle désigne en sciences humaines le phénomène de brassage et d'assimilation des immigrants d'origine diverse dans une société homogène, à l'instar de ce qui se produit aux USA au XIX° siècle.

J'ai choisi de traiter Paris et la naissance, puis l'extension des banlieues autour de la capitale, à cause de l'exemplarité, dans l'espace français, du cas parisien.

L'intervention sur la ville ancienne issue de l'Ancien régime se fait de façon exemplaire et expérimentale à Paris sous Haussmann (1853-1870) ; des interventions ont lieu aussi à Lyon, Rouen, Toulouse, Orléans, mais la transformation complète, pour des raisons de prestige, voulue par l'empereur Napoléon III, ne se réalise en un temps assez bref, vingt ou trente ans, qu'à Paris (leçon 1)

L'empereur Napoléon III remettant au baron Haussmann le décret d'annexion des communes suburbaines - 16 février 1859InformationsInformations[5]

De même c'est autour de Paris que la naissance des banlieues, puis leur crise liée à la désindustrialisation, prend toute son ampleur dans les représentations et dans le débat public. Il faut attendre l'été 1981, avec les troubles des banlieues de l'Est lyonnais, pour que la question des banlieues acquière une dimension nationale, et génère une politique publique, appelée politique de la ville, qui envisage tous les quartiers en difficulté (leçon 8)

L'originalité de ce module est double :

Traiter ensemble Paris et les banlieues, qui sont généralement disjoints, et mettre l'accent sur l'émergence, en un demi siècle qui va des années 1890 aux années 1950, d'une couronne dense d'urbanité qui unit les arrondissements périphériques parisiens et les communes limitrophes.

La zone dense ou l'extension de l'urbanisation en 1933InformationsInformations[6]

A cet âge de la ville dense succède le temps de la métropole fragmentée, qui commence avec la construction des grands ensembles, puis des villes nouvelles, et se poursuit avec l'étalement pavillonnaire contemporain.

« La fragmentation de la métropole commence avec la construction des grands ensembles 1950-1965 »
« La fragmentation de la métropole commence avec la construction des grands ensembles 1950-1965 »InformationsInformations[7]
« La zone dense au sein de la région Ile-de-France, fin du XX° siècle »
« La zone dense au sein de la région Ile-de-France, fin du XX° siècle»InformationsInformations[8]

Ce module fournit aussi à ceux qui s'intéressent au débat contemporain sur le Grand Paris le recul historique nécessaire. Les données sont maintenant parfaitement identifiées : Paris, capitale minuscule (105 km2) de 2, 1 millions d'habitants, est entourée par une région Ile de France de 11 millions d'habitants, une des plus riches d'Europe. La capitale ne peut pas organiser son agglomération à l'image des communautés urbaines régionales (Lyon, Lille, Strasbourg), ou des grands métropoles mondialisées (Londres, New York, Tokyo). La capitale ne peut fonctionner qu'en entretenant des relations étroites avec l'espace limitrophe. Aucun projet d'urbanisme, de transport, de logement, de développement économique ne peut être géré à l'échelle d'une commune, fut –elle la capitale. D'ailleurs, le Grand Paris comme espace vécu par les habitants, les acteurs économiques, les promoteurs immobiliers, les entrepreneurs se développe sur le terrain depuis au moins trente ans. Mais Paris conserve un territoire physiquement et symboliquement nettement séparé de celui des communes voisines, que la capitale a longtemps ignoré. La question de la gouvernance de la future métropole qui rassemblerait la capitale et une partie, ou la totalité de l'espace urbain francilien, est aujourd'hui en débat. La naissance d'un espace métropolitain urbanisé et unifié est traitée dans les leçons 1 et 2, ainsi que l'origine de la frontière entre la capitale et son environnement ; l'éclatement des structures politiques et administratives qui permettaient une certaine gestion commune de l'anneau dense, avec le département de la Seine et son conseil général est expliqué dans la leçon 7.

L'autre parti pris original est la moyenne durée qui conduit l'apprenant des années 1840, qui précèdent en France la révolution industrielle, jusqu'aux émeutes urbaines de 2005.

Les banlieues sont le miroir des mutations de la société française contemporaine : développement, puis crise de la grande industrie, difficile résolution de la question du logement ouvrier et populaire, expansion de l'habitat individuel, intégration des vagues successives d'immigration provinciale, puis étrangère, puis crise fin de siècle qui débouche sur des émeutes et un diagnostic de crise urbaine et sociale. Ce module est donc une introduction à l'étude de la société française contemporaine.

Les méthodes utilisées sont le croisement de sources très différentes : textes, cartes, iconographie, chanson, extraits de films, vidéos prises sur le terrain ; l'ensemble des représentations de la ville concourt à la compréhension de ses mutations, sur lesquelles ce cours insiste, notamment en portant une attention particulière à l'évolution des mots de la ville. Faubourg, banlieue, cité, les usages des mots qui décrivent la ville changent au gré des mutations de la société urbaine.

Le Trésor des mots de la ville, maquette au 1/5°

  1. Source : Préfecture de la Seine, Bibliothèque de l'Hôtel de ville. Diapo 1 PPT UOH intro 1.13 vidéo Plateau 1

  2. Source : Paris, ministère de la Défense, SHAT, 1833

  3. Source : « Carte du département de la Seine dressée d'après une enquête faite en 1921 », extrait, Préfecture du département de la Seine, Direction de l'extension de Paris, BHVP

  4. Source : collection particulière, droits réservés

  5. Tableau d'Adolphe Yvon (1865), 1865, Musée Carnavalet

  6. Source : Albert Demangeon, Paris, la ville et sa banlieue, Ed. Bourrelier et Cie, 1933

  7. Carte des constructions neuves 1950-1965 d'après Jacqueline Beaujeu Garnier et Jean Bastié, Atlas de Paris et de la région parisienne, Paris, Berger Levrault, 1967, planche 32

  8. Françoise Soulignac, La banlieue parisienne, cent cinquante ans de transformations, Paris, Les études de la documentation française, 1993

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